ZONE DE SECOURS 4 - Vesdre – Hoëgne & Plateau : Les pompiers « vont droit dans le mur »

www.lavenir.net a écrit:La zone de secours 4 dispose-t-elle d’assez de pompierspour assurer ses missions? Un représentant syndical tire la sonnette d’alarme.
Dimitri Weickmans, vous êtes le mandataire permanent SLFP (Syndicat libre de la fonction publique) pour les pompiers de la zone Vesdre – Hoëgne & Plateau. On sent le malaise s’installer depuis plusieurs mois… Le nombre de pompiers vous interpelle.

La législation a changé avec la réforme, notamment au niveau d’un départ type. Auparavant, nous avions une autopompe, une citerne et une échelle. Maintenant, il faut rajouter la seconde autopompe. Ceci signifie plus de départs, donc plus de sorties. Parallèlement à cela, le statut des volontaires a lui aussi été modifié. Ils ne peuvent plus faire que 24 heures par semaine. Sur un an, cela fait 1 200 heures. Avant, on ne calculait pas les heures en trop et certains volontaires étaient fort disponibles. Maintenant, une fois le cap atteint, le pompier volontaire ne pourra plus intervenir.

C’est un volume horaire trop réduit pour un volontaire?
Ici, au sein de la caserne de Verviers, les volontaires travaillent un peu comme des intérimaires. Ils assurent des gardes de 12 heures. Cela ne fait que 8 gardes de 12 heures sur un mois. Il est possible que certains atteignent ce quota en septembre ou en octobre. Nous pouvons aussi évoquer le cas de l’ambulance de Spa qui a une garde sous toit… Les heures prestées là par les volontaires ne pourront pas être prestées dans leur caserne. On crée des heures de travail avec des gens qui finiront par ne plus pouvoir travailler.

Le manque de personnel est criant?
Il est manifeste. Depuis que nous avons le PIT à l’hôpital (un super-outil), nous avons un temps plein mis à disposition au CHR. Il faut bien combler ce temps plein avec des volontaires… Soyons clairs, il faudrait engager ET des professionnels ET des volontaires. Le tout en sachant que le problème du volontaire restera sa disponibilité. Je précise que nous n’avons toujours pas de règlement de travail, alors que c’est déjà ailleurs.

Faudrait-il augmenter le nombre d’heures des volontaires?
Je plaide pour un minimum de 120 heures par mois. Et ce sont des heures de disposition, pas des heures de travail. Cela fait 30 heures par semaine. Je suis pour un minimum d’heures, c’est important pour l’expérience et pour la formation.

On court à la catastrophe?
Concrètement, on va droit dans le mur. Vous savez, un homme au PIT 24 h/24, c’est six temps pleins. Un second centraliste (avec l’aide des volontaires de toute la zone), c’est encore six temps pleins. Sans compter les douze temps pleins pour l’ambulance à Spa (à voir si ce dispositif d’ambulance sous toit ne sera pas développé à Battice et Welkenraedt). On a déjà dû mettre l’ambulance de Spa indisponible parce que nous n’avions personne à mettre dessus…

Sur la page Facebook du SLFP zone 4, vous avez aussi un mot pour l’ambulance stationnée à la Baraque Michel…

Elle a sa place là-bas. Mais on a un souci puisque c’est du personnel de garde de Verviers qui y va. Ce sont donc deux hommes en moins à Verviers et j’estime qu’on ne peut pas déforcer une caserne. Il aurait fallu mettre du personnel en plus. Mais le nombre de fois ou des postes sont au rouge…

Au rouge? C’est-à-dire?
C’est un cas de figure qui arrive un peu partout à l’exception de Verviers (sauf si on a quatre ambulances dehors). Concrètement, une caserne est au rouge lorsqu’il n’y a que quatre pompiers sur une autopompe au lieu de six. L’autopompe ne peut donc pas sortir car elle n’est pas déclenchée. À l’heure actuelle, on arrive toujours à trouver une caserne qui intervient mais on peut se retrouver avec des cas de figure où l’autopompe de Battice va à Verviers pendant que l’autopompe de Verviers intervient à Pepinster. On parvient toujours à faire sortir un camion… Mais pas toujours le plus proche.

Vous avez connaissance de faits problématiques pour le citoyen?
Pas chez nous. Mais c’est arrivé au Luxembourg.

Quelles sont vos demandes?
On a besoin d’engager des professionnels et des volontaires. Nous en parlons fréquemment mais c’est lors de la prochaine réunion que le point «personnel» sera débattu. Nous devrions également disposer d’un plan de calcul du personnel, plan que nous n’avons pas encore. Il nous faudra expliquer aux bourgmestres que nous ne pouvons plus fonctionner «comme avant». Les règles et les normes ont changé, les pompiers volontaires donnent plus d’importance à leur famille, à leurs hobbys. On sait que le budget est toujours un problème mais c’est important, pour 250 000 habitants, d’avoir des professionnels (80 actuellement) et des volontaires (environ 370 aujourd’hui) en plus. Il faut engager, et ça aurait dû être fait depuis longtemps.

www.lavenir.net a écrit:Vincent Bastin, commandant de la zone 4, répond aux craintes du permanent syndical. «Oui, on va vers une période plus compliquée.»

Vincent Bastin, les pompiers vont-ils «droit dans le mur» (comme le souligne le mandataire permanent SLFP dans notre édition d’hier) si aucun engagement n’est programmé?

À l’heure actuelle, la zone est composée de 80 à 90 professionnels et d’environ 300 volontaires. Le professionnel fait 38hpar semaine selon un horaire défini et il preste principalement à Verviers. Les volontaires sont majoritairement dans les huit postes, même s’il y en a quelques-uns à Verviers. Ils sont disponibles selon leur travail, leurs hobbys, leur vie privée, etc.

Mais il y a bien un problème avec les heures qu’ils peuvent prester non?

Le souci, c’est la contrainte d’heures de travail maximum. Des pompiers hyperdisponibles avant vont être bloqués… et ceux qui n’étaient pas fort disponibles ne le seront pas plus. Avant, nous arrivions à un équilibre mais on a raboté la présence. Donc, oui, on va vers une période plus compliquée au niveau de la disponibilité. De plus, les règles de travail (journalières, hebdomadaires…) compliquent considérablement la gestion des ressources humaines. J’ajoute à cela les obligations de formations imposées par le Fédéral car ces heures et les trajets impactent le temps de travail des volontaires. Tout cela fait qu’on va devoir analyser la situation pour dégager des pistes dans le futur. Le plus facile serait évidemment d’engager des gens, mais il y a le financier. Il faut trouver la meilleure solution sur le plan opérationnel, sécuritaire et financier car nous n’avons pas des machines à billets dans la cave.

Le permanent SLFP pointe également du doigt l’absence de règlement de travail et de plan du personnel…

Nous sommes en train de rédiger le règlement de travail (il n’y en a dans aucune zone et nous le préparons avec les responsables de la zone et les syndicats) et il imposera aux volontaires un pourcentage minimum de disponibilité. Mais ce n’est pas la seule donnée parce que cela ne sert à rien d’avoir 250 volontaires la nuit si nous n’en avons que 30 en journée (car les volontaires travaillent). Avant, certains qui travaillent aux pompes Ensival (Pepinster) ou chez Bodart & Gonay (Theux) savaient se libérer mais c’est aussi quelque chose de perdu vu que les entreprises sont dans des zonings. On assiste, depuis des années, à une évolution dans le monde des volontaires, et c’est au-delà de la zone. Quant au plan du personnel, on y travaille mais il nous manque encore quelques données. On va bientôt proposer une première mouture qu’on pourra affiner.

Le Fédéral impose des formations, ne peut-il pas trouver une solution?

Il y a des discussions pour dégager des chèques formations afin de libérer les volontaires d’une partie de leur temps de travail mais cette solution ne se mettra pas en place dans trois jours. Je pense vraiment qu’il va falloir remotiver les volontaires avec des actions de soutien envers les employeurs. Car le problème est national et on voit des zones où cela coince déjà.

Le logiciel qui met des véhicules ou des casernes «au rouge» par manque de personnel, c’est opérationnel?

À 95%. Le logiciel permet de voir la disponibilité, en temps réel, des volontaires. Il nous offre une vue globale et il remplit les véhicules afin d’avoir le départ le plus rapide. Si une caserne manque de personnel (ou si elle est déjà de sortie), le logiciel bascule sur la seconde caserne la plus proche. Ici, nous avons la chance d’avoir un réseau maillé de postes, donc nous ne sommes pas tracassés. Ces situations arrivaient déjà avant, c’est désormais automatique et c’est un gain de temps (une avancée pour pompiers et citoyens).

Les ambulances à la Baraque Michel ou sous toit (Spa, avant Battice et Welkenraedt), cela pose un problème?

L’ambulance n’est allée à la Baraque Michel que deux jours pour être plus rapide et les pompiers qui y sont peuvent intervenir ailleurs. Pour les ambulances sous toit, nous avons celle de Spa depuis le 1er janvier et elle fonctionne à 95% (c’est un bénéfice pour les gens). On a marqué notre accord pour les ambulances de Battice et Welkenraedt car chaque minute compte pour sauver une vie. C’est sûr, cette garde sous toit va impacter les heures mais nous avons du potentiel pour Battice et Welkenraedt. Quant au PIT du CHR, il fait partie de nos départs. C’est une simple délocalisation.

Pour conclure, faudra-t-il embaucher?
On va être le plus raisonnable possible et évaluer au mieux les besoins. Mon rôle, c’est de récolter les données et d’envisager le futur. Après, je réserve ma réponse pour les autorités. Mais il faudra aussi tenir compte du fait que les règles de recrutement ont changé. Le Fédéral a imposé un certificat d’aptitudes mais sans en faire la publicité. Donc peu de candidats l’ont, ce qui fait qu’on ne sait pas recruter pour l’instant. Cela complique la gestion des ressources humaines. Et comme un professionnel ne peut plus être volontaire sur la même zone (c’est le même employeur), on perd du potentiel. Quand on additionne toutes ces contraintes, cela fait beaucoup de mesures. Et nous sommes un peu livrés à nous-mêmes. Alors on essaye de faire du mieux qu’on peut pour la sécurité des citoyens.

www.lavenir.net a écrit:Philippe Boury, le président de la zone de secours 4 n’attend qu’une chose pour trancher: une analyse, des données… et l’accord des 19 bourgmestres.

«Tout doit être réévalué en prenant l’ensemble des paramètres en considération (quel est l’arrêté ministériel pour la formation des volontaires, quel coût, comment réorganiser, comment évoluer…). Personne n’a dit qu’il fallait réduire le nombre de pompiers ou engager mais on ne saurait pas dire combien. Cela me paraît prématuré de dire qu’il y aura des engagements sans savoir vers où on va. Nous devons analyser où nous en sommes, voir les répercussions des gardes sous toit, posséder les statistiques de sorties, voir quand le personnel est disponible, etc. Avec la réforme, ces paramètres sont complètement différents et il faut une nouvelle analyse sur l’ensemble de la zone.» Le bourgmestre de Theux se donne deux mois pour trouver des solutions. «Je me suis donné jusqu’à fin mars (début avril au plus tard) pour avoir des solutions et des réponses dans un sens ou dans l’autre. Donc, aujourd’hui, je ne dis ni “ oui ” ni “ non ”. Vous savez, le Gouvernement wallon a décidé de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur cinq. Paf comme ça! Nous, nous allons évaluer la question des remplacements sur base des besoins. Je rappelle que nous sommes 19 bourgmestres et qu’il faudra une majorité en conseil de zone… Tout en sachant que des engagements auront un surcoût.»

pinpon.be a écrit:Je trouve l'analyse du chef de zone très juste et pertinente. Comme quoi certains communiquent...  

Sébastien112 a écrit:24h semaines c'est pas suffisant déjà les exercices + le boulot dans les équipes spécifiques ( EQ masque , tuyaux et....). Et l'application du départ de deux pompes quasiment aucunes  zones ne le fait car il y a un manque de personnels