Les policiers, agacés par les plaintes abusives

Sud Presse a écrit:Les plaintes contre les policiers se multiplient dans nos zones de police. Bien souvent, elles sont infondées. Mais chacune est prise au sérieux et débouche sur un contrôle interne. Les policiers ont en ras-le-bol et lancent une pétition sur Internet.

“ Les crapules ont plus de droits que les policiers. ” Cette réflexion émise par un inspecteur d’intervention est partagée par de nombreux policiers. Depuis la réforme des polices, les contrôles internes ont été renforcés dans les différentes polices locales. Et des campagnes ont été menées auprès des citoyens afin de les informer que, s’ils estiment qu’un policier a mal fait son travail, ils doivent le faire savoir à sa hiérarchie.

Pour chaque plainte déposée, un contrôle est mené en interne, avec parfois des auditions à la clef. “ Bien souvent, ces plaintes sont infondées, constate l’inspecteur Mulquin, chargé du contrôle interne à la Haute Senne, où une quarantaine de plaintes sont recensées chaque année. Si un homme est mis au cachot à juste titre, il portera tout de même plainte pour se disculper. ” La meilleure défense, c’est l’attaque.

Du côté de la police de Mariemont, entre 30 et 40 dossiers sont ouverts chaque année. Mais ce chiffre ne comprend pas les plaintes qui sont classées sans suite à la simple relecture de la fiche d’intervention.

La plupart des plaintes abusives ne font l’objet d’aucune sanction pour leur auteur. Par contre, ces mêmes plaintes portent préjudice au policier, qui se retrouve dans l’œil du cyclone. “ C’est à nous d’apporter la preuve de notre innocence ”, déplore un inspecteur d’intervention louviérois.

Pour Francis Joncret, commissaire à Mariemont et chargé de contrôle interne entre 2002 et 2006, “ l’augmentation du nombre de plaintes est un phénomène de société. Les gens supportent de moins en moins l’autorité. Un simple contrôle de papiers prend des proportions inimaginables. ”

Une autorité en crise? Un point de vue partagé par l’inspecteur louviérois susmentionné. “ Certains parents, qui constituent tout de même l’autorité de référence, sont complètement à la masse. Désormais, si on coince un mineur qui a commis un délit, les parents nous menacent ou, pour les plus civilisés, déposent plainte contre nous. ”

Bien entendu, il arrive que certains policiers commettent des fautes. Après tout, sous leur uniforme, ils demeurent des humains. Pour ceux-là, la hiérarchie n’hésite pas à prendre des sanctions, qui peuvent aller du blâme à la révocation (licenciement et perte des droits de pension). Mais les policiers aimeraient que cette même hiérarchie se montre plus sévère envers les auteurs de plainte fantaisiste. C’est dans ce sens qu’ils ont lancé une pétition sur Internet qu’ils comptent envoyer au Fédéral (voir ci-dessous).

Enfin, signalons que si les plaintes à l’encontre des policiers ont tendance à se multiplier, les agressions envers ces mêmes policiers sont bien plus importantes. En 2007, à La Louvière, 111 PV pour outrage à agent ont été dressés. Et les faits doivent être graves pour qu’un tel PV soit rédigé.