France : les gendarmes veulent des Mégane Renault Sport

www.laprovence.com a écrit:Réputées increvables par le constructeur japonais Subaru, et ses utilisateurs de par le monde, les Impreza WRX ne sont pourtant plus au goût de la gendarmerie. Cependant, nombreux sont les fonctionnaires à être déjà prêts à les racheter aux ventes des Domaines...

A l'heure du rapprochement police-gendarmerie sous l'autorité du ministre de l'intérieur, rien ne va plus vraiment dans le petit monde des forces de l'ordre. D'un côté, les hommes de terrain se plaignent d'un manque - évident - d'effectifs, du rendement que leur impose la hiérarchie quitte à écorner un peu plus chaque jour l'image des forces de l'ordre à l'égard des citoyens-conducteurs, et de l'autre on a l'impression que certains sont déconnectés de la réalité.

Prenons l'exemple des VRI (véhicules rapides d'intervention), dont la gendarmerie avait fait le meilleur usage à l'époque des Berlinettes Alpine puis des A110 V6, des Renault 21 Turbo, des Peugeot 306 S16 et 405 T16 notamment, jusqu'à l'apparition, trop souvent mouvementée, des Subaru Impreza WRX, pourtant à transmission intégrale, dont la direction générale de la gendarmerie veut se séparer. Après avoir montré un certain intérêt pour la Ford Focus RS, la traction la plus puissante jamais commercialisée (305 chevaux) et ne pas avoir trouvé d'accord financier, la gendarmerie s'est finalement tournée vers Renault et la très performante Mégane RS3 (250 chevaux), dont la vitesse est électroniquement limitée à 250 km/h dans la version civile mais qui peut aisément atteindre les 270 km/h.

Chez RST (Renault Sport Technologies), la patience des techniciens et des ingénieurs est pourtant actuellement dans la zone rouge. Sous le sceau de l'anonymat, on nous y a même récemment raconté : "Pour répondre à la demande de la gendarmerie, afin de remplacer les Subaru dont certaines ont été détruites pour des raisons que nous préférons ne pas commenter, nous travaillons sur des Mégane Renault Sport très spéciales, car notamment alourdies par le matériel embarqué. Le rêve de ces gendarmes, c'est de démarrer comme en Grand Prix et de rouler à 250 km/h à la poursuite d'un véhicule qui roule trop vite, ce qui est extrêmement dangereux de la part de qui que ce soit, surtout dans un flot qui file à 130 km/h maxi. Certains nous ont même demandé si nous pourrions leur fournir des chaussures de pilotes... Ce n'est vraiment pas sérieux du tout ! Et il en est de même, au plan industriel, étant donné que nous travaillons depuis plus d'un an déjà pour une hypothétique commande de soixantaine de véhicules qui n'a pas encore été validée."

Le Lieutenant Benoit Gounine, officier communication de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, temporise au nom de la gendarmerie nationale, qui est un corps d'élite et fera tout pour le rester : "La force de la gendarmerie c'est son maillage, explique le Lieutenant Gounine. Qu'ils soient fixes ou mobiles, l'intérêt de nos postes d'intervention est qu'ils soient judicieusement placés. Avoir des voitures rapides est un élément sécurisant à l'égard de tous les usagers de la route et dissuasif pour les délinquants. Je n'ai pas le sentiment que nos conducteurs de véhicules rapides se prennent pour des pilotes. Certes, ils ont une formation adéquate, mais leur objectif est de faire baisser le nombre de blessés et des morts sur les routes et les autoroutes." Notons d'ailleurs que les gendarmes sudistes n'ont jamais subi ou provoqué le moindre accident avec leurs véhicules spéciaux.

Néanmoins, en période de restrictions économiques, les tergiversations sur le thème des investissements lourds envisagés pour remplacer un parc d'autos loin d'être obsolète incitent à se poser bien des questions. Surtout à l'heure où des brigades de gendarmerie sont condamnées à gérer au plus près leur consommation mensuelle en carburant... et obligées de lever le pied sur les missions de routine chaque fin de mois. A ce propos, Daniel Chomette, délégué du SGP-FO Isère (Syndicat général de la police - Force ouvrière), reçu aujourd'hui à Grenoble par le président Sarkozy, nous a confié par téléphone : "A la fin a fin du mois d'août, nous aurons dépensé l'intégralité de la ligne budgétaire carburant de la DDSP (Direction départementale de la sécurité publique). C'est dans la logique de la diminution globale de 12% de notre budget 2010 par rapport à 2009 déjà bouclé en déficit... Sur 20 motos, six seulement étaient en état de fonctionnement et on nous avait finalement alloué trente euros de budget de réparation pour chacune... Et pour avoir des pneus neige, nous avons dû alerter Paris !"