MOUSCRON : Passage de flambeau ce soir à la caserne des pompiers

Après 36 ans de service, Pol Lowagie cède le commandement à son fils Olivier...

Passation de pouvoir ce soir au corps des pompiers de Mouscron. Pol Lowagie, commandant mouscronnois depuis 22 ans, part à la retraite, avec la satisfaction d’avoir bien préparé la relève…

Dans la famille Lowagie, on est pompier de père en fils. Une même passion, une même vocation lie Pol et Olivier, dont le discours, à les entendre, n’est jamais bien différent. Ce soir, le premier tournera une page de sa vie. Non sans émotion. Mais avec, aussi, la fierté de remettre les clés de la caserne à son fiston! Car Pol Lowagie part à la retraite. Une passation très officielle du drapeau qui sera remis à Olivier qui, tout gamin, se cachait dans la voiture de son père pour pouvoir le suivre en intervention.

A la caserne de l’avenue de Rheinfelden, la transition s’opère déjà depuis quelques semaines. Quand bien même Pol et Olivier sont père et fils, les styles seront résolument différents. C’est l’époque, la société et l’évolution de la fonction qui veulent ça. Qui l’exigent même.

Pol Lowagie est entré comme volontaire à la caserne de Mouscron en 1974. Il avait 29 ans. “ C’est sans doute un peu plus tard que la moyenne ”, dit-il, “ mais à l’époque j’avais déjà une vie très occupée, j’enseignais aux Frères Maristes, j’étais impliqué dans l’associatif et je jouais aussi au football. C’est d’ailleurs lorsque j’ai arrêté le foot que je me suis posé la question d’une occupation intelligente, utile. C’est ainsi que je me suis engagé comme pompiers volontaire ”. Rapidement, le jeune sapeur multipliera les formations, suivra les cours d’officier, se perfectionnant aussi sur le terrain… avant de devenir chef de corps des pompiers de Mouscron en 1988.

Mais tout a une fin. Pol Lowagie quitte le commandement, avec un regret : la réforme qui tarde. “ Les pompiers ne sont pas considérés à leur juste valeur. On nous regarde comme une structure moyenâgeuse qui rend service à la population, et tant que ça va, ça va ! Mais pour cela, pour répondre aux besoins de la société, aux exigences, il faut des moyens en matériel, en hommes et des formations. Je pense notamment, pour bien coller avec une réalité, aux dangers des panneaux solaires en cas de feu ou aux voitures hybrides pour lesquelles les pompiers n’ont reçu jusqu’à aujourd’hui aucune formation spécifique ”.

Olivier, qui a pris officiellement ses fonctions ce vendredi soir, écoute et abonde: “ C’est un peu de notre faute ! Le pompier, par nature, par dévouement, ne dit jamais que ça ne va pas. Nous sommes là pour rendre service, mais la formation doit être accentuée, développée, tout comme la mise à disposition d’un matériel performant ”. A Mouscron, le père et le fils considèrent que la caserne est bien équipée, comparativement à d’autres villes. “ Nous devons à présent structurer la collaboration entre les professionnels et les volontaires, cela passera par une augmentation du cadre des professionnels ”. Ce sera sans doute le premier grand chantier du nouveau chef de corps. “ Il faut voir les choses avec lucidité, dans la pratique aussi. Les professionnels presteront leurs heures de travail en journée, alors que les volontaires seront ceux qui interviendront le soir, le week-end, car les volontaires sont souvent très proches de la caserne et la proximité est un facteur important en matière d’intervention. Les uns et les autres doivent donc être capables de disposer des mêmes capacités, des mêmes connaissances. Le volontaire doit être professionnel dans son action. Il faut donc lui en donner les moyens et songer

à des solutions, des détachements qui permettraient de suivre ces formations, comme par exemple un syndicaliste peut le faire au sein d’une entreprise ”, pense Olivier Lowagie. Ces 30 dernières années, la fonction de pompier a changé, évolué. Pol Lowagie en sourit. “ Lorsque j’ai pris le commandement de la caserne en 1988, il n’y avait pas de machine à écrire ici ! Je suis entré dans un beau bâti

ment que mon prédécesseur n’avait occupé qu’une année. On alertait les volontaires avec la sirène sans savoir qui viendrait! Je me déplaçais avec mon propre véhicule sur les incendies. Ensuite, il a fallu mettre en place la prévention dans une ville qui n’a cessé d’accueillir de nouvelles industries. Le métier a toujours été finalement en mutation, mais la mutation est plus importante aujourd’hui encore ”.

Olivier Lowagie attend donc cette réforme avec impatience : “ on ne peut plus travailler comme il y a 20 ans. On nous demande un avis sur tout : le risque industriel, la planification d’urgence… on doit en quelque sorte être généraliste, toujours le nez dans le guidon ! ” et pas seulement lorsqu’il s’agit de préparer la sécurité pour la venue du Beau Vélo de Ravel...

Nord Eclair a écrit:Au moment de lui céder le flambeau, Pol Lowagie invite son fils à la vigilance. “ Plus que jamais, il faut faire preuve d’attention permanente lorsque l’on appose sa signature sur un document. Je garde en mémoire le drame de Ghislenghien où on a mis en cause le commandant des pompiers ”. En 36 ans, Pol Lowagie a accumulé les interventions, pompiers et ambulances, il a accumulé aussi les souvenirs. Certains tristes, d’autres plus heureux ou drôles. “ Je n’ai jamais vécu sereinement les drames dans lesquels étaient impliqués des enfants, tout comme le décès de Jean-Marc Vandenbogaerde m’a marqué en intervention, à Herseaux. Mais c’est en janvier dernier que j’ai ressenti ma plus grande peur lors de l’explosion d’un garage, à la chaussée du Risquons-Tout, au cours de laquelle deux pompiers ont été soufflés par l’explosion. Si nous n’avions pas été appelés sur une autre intervention, certains d’entre nous auraient perdu la vie ”. Bien loin de cette “ peur bleue ”, Pol Lowagie retrouve des traits plus détendus en évoquant “ une chasse au singe dans la rue de Courtrai. Nous avions été appelés pour un animal sur une toiture. Un petit macaque qui est finalement redescendu du toit pour courir en rue. Les riverains avaient peur et fermaient leur porte les uns après les autres, en apercevant l’animal qui s’approchait ”.

Et maintenant, que va-t-il faire ?
Le 31 août, Pol Lowagie raccrochera définitivement son casque et son badge. “ Je n’aurai plus rien à faire ici ! Je pourrai m’occuper de mes cinq petits-enfants et de ma femme. Mais je continuerai à fréquenter les pompiers, hors des interventions. Ce n’est pas sans un pincement au cœur, car pompier est une vocation, un métier que l’on fait jusqu’au bout, même si depuis quelque temps Olivier a pris de plus en plus part au travail ”. Depuis le 1er août dernier, Olivier Lowagie est en effet capitaine officier chef de corps faisant fonction, sa nomination définitive après un certain nombre d’heures de formation, interviendra au début de l’année prochaine.