Anne Wibin est Officier Pompier: 1000 hommes sous ses ordres

Journée Internationale de la Femme. Anne Wibin est la première femme a être devenue Officier Pompier à la caserne de Bruxelles. Cette mère de famille de 35 ans compte indirectement 1000 hommes sous ses ordres.

08 Mars 2011 09h49


Dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme, Gaëtan Sgualdino, journaliste à Bel RTL, est parti à la rencontre d'une femme pas vraiment comme les autres. Anne Wibin, 35 ans, est la première femme à avoir accédé à la fonction d'Officier Pompier à la caserne de Bruxelles. Une exception dans un milieu extrêmement masculin. "Il y en a pour qui le métier de pompier n'est vraiment pas un métier de femme" raconte cette mère de famille habitant Ecaussines. Son accession au grade d'Officier, elle l'a obtenu en réussissant un concours qui comptait plus de 350 candidats.



Parfois, quand je dis quelque chose, on me regarde de haut en bas et on n'obéit pas. Alors je dois élever la voix"

Ensuite, elle a dû assumer cette nouvelle fonction. Pas facile dans un environnement où dire que ça sent la testostérone est tout sauf exagéré: la caserne rassemble 1000 hommes pour... 6 femmes. Anne doit parfois élever la voix pour se faire entendre. "Parfois, quand je dis quelque chose, on me regarde de haut en bas et on n'obéit pas. Alors je dois élever la voix" dit-elle. "Mais en général, ça va", rassure-t-elle. Cependant, quelques femmes en plus autour d'elle ne serait sans doute pas pour lui déplaire: "Il y a encore du travail, il faut plus de femmes", dit la trentenaire qui fait la fierté de sa fille: "Je suis fière, elle dirige beaucoup d'hommes et ça me fait bizarre".

michel Verlinden a écrit:Et n'oublions pas qu'Anne est la rescapée d'Uccle, où elle a vu disparaitre Pat et Tac, qui étaient à ses côtés dans ces moments terribles.

Le Soir a écrit:La première femme officier pompier

La poigne est ferme, preuve d’une grande force de caractère. Dans son uniforme, Anne Wibin, 40 ans, ne passe pas inaperçue à la caserne du Siamu bruxellois. Elle est la seule femme officier, lieutenant pour être précise. Comme ses collègues masculins, ses journées se partagent entre tâches administratives et interventions sur le terrain. Ce métier, elle l’a choisi en connaissance de cause, mais ne s’attendait pas à autant de réticences...

Quand elle était petite, elle prenait les pompiers pour des casse-cou prêts à tout pour sauver des vies. Un métier réservé aux hommes. Elle s’est donc orientée vers des études d’architecture et de graphisme. Elle a ensuite travaillé dans le privé mais cela ne la satisfaisait pas. Elle a alors rencontré son futur mari : un pompier. Avec lui, elle est devenue bénévole à la Croix-Rouge. « Je rencontrais les pompiers sur le terrain et l’ambiance m’a donné envie d’intégrer le service. »

Comme elle était universitaire, elle pouvait prétendre au grade d’officier. Pendant 5 mois, Anne Wibin s’est entraînée pour passer les épreuves. Au départ, ils étaient 350 inscrits puis 17 pour passer la première épreuve physique, puis 3 pour le test écrit et, finalement, elle et un homme ont été recrutés. « Dans les épreuves physiques, les femmes ne sont pas avantagées mais on les juge plus sur leur souplesse. J’ai toujours été très sportive donc j’avais un avantage. L’épreuve écrite équivalait au niveau d’ingénieur et j’ai vraiment dû bosser dur. C’était du costaud. »

Lorsqu’elle a intégré l’équipe en 2006, elle était la seule femme. Au départ, elle a suivi une formation avec les pompiers de base pour être efficace sur les interventions. Ce premier contact fut assez difficile. « Malgré l’uniforme, je ne passe pas inaperçue. Lorsqu’un homme entre chez les pompiers, il fait tout de suite partie de la maison. Moi pas. J’ai dû faire mes preuves avant d’être acceptée. Certains de mes collègues ne me parlaient pas parce que j’étais une femme. Quelques-uns pensent encore comme ça d’ailleurs. Je suis toujours sur mes gardes. Dès que je rigole un peu trop avec l’un ou l’autre, j’entends des réflexions. Les rumeurs partent très vite dans une caserne. »

Les inquiétudes émanaient aussi de femmes de pompiers dont les gardes s’étendent sur 24 heures. Certaines ont écrit à l’état-major parce qu’elles ne souhaitaient pas que leurs époux dorment dans sa promiscuité. « Il faut savoir que les pompiers draguent tout le temps, même s’ils sont mariés. Ils jouent de leur uniforme, de leur légende. Alors, que je dorme auprès d’eux ou pas, cela ne change pas grand-chose ! »

Aujourd’hui, ils sont contents d’être dirigés par elle. « Je suis très humaine dans mon management. Par contre, ma hiérarchie me pousse à monter en grade. C’est un truc de mec et moi, je m’en fiche. Je m’épanouis dans mon travail, c’est tout ce qui m’importe. J’espère qu’il y aura bientôt d’autres femmes officiers. Avec un peu de psychologie et du caractère, une femme peut s’épanouir dans ce métier. »