PEC des traumatismes psychiques

Les personnes confrontées à un événement potentiellement traumatisant (accident, agression, viol, attentat, etc.) sont trop souvent soignées dans les services d'urgences, en oubliant de prendre en considération l'impact psychique éventuel. Au Centre de Référence pour le traumatisme psychique des Cliniques universitaires Saint-Luc, les patients bénéficient d'une prise en charge globale. Rencontre avec Etienne Vermeiren, psychologue responsable du Centre.

Comment est-né le Centre ?

Saint-Luc s'intéresse à cette problématique depuis longtemps. Le Service des urgences comporte, depuis plusieurs années, une unité de crise d'urgences psychiatriques: ses membres nous contactaient régulièrement lorsqu'ils constataient des patients bouleversés par un événement. Il existe aussi une raison historique: l'attentat dans un auditoire de l'UCL en 1990. Les Cliniques ont géré le plan catastrophe et pris en charge non seulement, le professeur et les étudiants blessés, mais aussi ceux qui étaient indemnes mais choqués. Enfin, depuis 1998, nous avons une cellule de suivi pour les membres du personne, son but étant d'accompagner les soignants qui côtoient quotidiennement la souffrance, la maladie et la mort.

Outre la prise en charge des patients traumatisés, quelles sont les autres missions du Centre ?

A la demande de tribunaux, compagnies d'assurance ou mutuelles, le Centre peut réaliser des expertises médico- psychologiques. Cependant, pour garder sa neutralité, il ne peut être en même temps expert et soignant. Conformément aux missions d'un hôpital universitaire, le Centre propose des formations aux professionnels qui assurent le suivi des victimes Il développe aussi des activités de recherche. C'est enfin une plate-forme d'informations pour les généralistes, les psychologues, les services de police, etc.

Comment réagit-on face à un évènement potentiellement traumatisant ?

Il y a différents types de réactions. Les symptômes courants sont : les symptômes d'intrusion: la victime revit l'événement traumatique. Elle fait des cauchemars, peut avoir des flash-back ou être saisie et bouleversée face à une situation qui lui rappelle l'événement. La victime peut aussi développer des symptômes d'évitement. Elle sera tentée de bannir les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme et risque de se replier complètement sur elle-même. Elle peut aussi présenter des troubles du sommeil, de l'irritabilité, de l'agressivité, des difficultés de concentration ou de l'hypervigilance.

Comment savoir si un patient a besoin d'un suivi psychologique ?

Après la confrontation à l’événement, tous ces symptômes sont courants dans un premier temps, mais chez certains patients, ils vont s'incruster et s’intensifier. La difficulté est de détecter ces patients. C’est pourquoi nous n'attendons pas que les symptômes s'installent pour réagir: nous suivons tous les patients dés le début. Une prise en charge précoce diminue le risque de séquelles et raccourci la durée des troubles.

Comment soigne-t-on les traumatismes psychiques ?

La prise en charge thérapeutique d’un traumatisme psychique avéré va associer un suivi psychothérapeutique et un traitement médicamenteux, dans la majorité des cas. Au-delà des entretiens individuels, la famille et l’entourage de la personne seront souvent associés à certains moments de la prise en charge. En effet, ils peuvent non seulement être, eux aussi, affectés par la souffrance de leur proche, mais constituent surtout une ressource importante pour celui-ci.


En savoir plus : Le centre de référence pour les traumatismes psychiques



source : lettre d'information des cliniques universitaires Saint-Luc (N°72 - mars 2007)