Namur et Auvelais : Fusion hospitalière : voici le CHR Sambre et Meuse

www.lavenir.net a écrit:Le conseil médical du CHR Val de Sambre à Auvelais l’écrit à son conseil d’administration : une fusion avec le CHR de Namur, c’est non!

On a vu les couples les plus amoureux se chamailler dans le stress de la préparation du plus heureux des mariages. Entre les Centres Hospitaliers Régionaux de Namur et du Val de Sambre à Auvelais, il y a de ça. Le climat de tension est tel qu’il faut même être très prudent quand on prononce le mot « mariage ». Parce que le champ lexical à propos de cette union est délicat. Fusion, rapprochement, regroupement, association ? Les formes juridiques à donner sont bien différentes et sont au coeur du problème.

Ainsi, début août, le conseil médical d’Auvelais, suite à une de ses assemblées générales des médecins de l’hôpital, écrivait au conseil d’administration. Le courrier, dont nous avons obtenu copie, expose une position claire et ferme : un «non» à une fusion avec Namur. Explications.

On ne demande pas leur avis. Alors ils le donnent
« Nous prenons la liberté de vous envoyer spontanément cet avis que vous auriez dû, légalement, solliciter depuis longtemps » écrivent les médecins, qui regrettent et dénoncent avant tout un manque d’information. Les négociations politiques sont en cours. Le corps médical ne veut pas qu’elles se passent dans son dos. Prendre son avis consultatif est une obligation légale pour le conseil d’administration. Cela n’avait pas encore été fait. «Mais depuis notre courrier, des choses ont bougé dans le sens que nous souhaitions » explique le docteur De Keuleneer, président du conseil médical contacté ce week-end par nos soins. Une rencontre avec la présidente de l’AISBS, dont dépend l’hôpital d’Auvelais, a permis au conseil médical d’être tenu au courant de l’avancement des discussions et des pistes étudiées. De quoi le rassurer, partiellement : « Mêmesi nous avons apprécié la rencontre et le travail de Madame Depaire, nous restons extrêmement vigilants et méfiants sur le dossier.» Car ils ne retirent rien aux arguments de fonds qui motivent leur avis.

Pas de guéguerre de confessions
Ce qui suscite la méfiance, c’est en particulier le climat politique. Il se dit que la perspective de création d’un conseil d’administration unique et d’un poste de président suprême des deux CHR éveille certains appétits et autres ambitions personnelles qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt collectif.

Par ailleurs, les médecins d’Auvelais craignent que des querelles « confessionnelles » ne viennent compromettre les nécessaires et constructives collaborations du CHRVS avec d’autres hôpitaux que le CHR de Namur.Certains politiques obtus verraient d’un mauvais oeil les échanges entre hôpitaux publics et privés (catholiques). « Il s’agit pourtant de collaborations saines et dans l’intérêt de tout le monde, en premier lieu celui du patient, insiste le docteur De Keuleneer. Elles participent tout à fait de la logique de bassins de soins. Le but est d’utiliser ce qu’il y a de mieux comme matériel et compétences dans une région dans tous les domaines, audelà des clivages politiques, religieux, philosophiques.»

www.lavenir.net a écrit: Une fusion qui profiterait surtout à Namur

Son avis écrit, le conseil médical le donne après analyse des lois sur les fusions, groupements ou associations d'hôpitaux. Un vote à la majorité des deux tiers (renforcé par un vote à 100 % contre des médecins présents à l'assemblée générale) s'oppose tant à une fusion qu'à un groupement. À 67 %, ils sont ouverts à une « association d'hôpitaux ». La différence ? Elle réside, en résumé, dans le degré d'indépendance conservé par chacune des entités. La priorité, écrivent les médecins, est qu'Auvelais conserve son un numéro d'agrément distinct de Namur, et un conseil d'administration propre : « Et pas un C.A où le Val de Sambre serait sous-représenté » ajoute Robert De Keuleneer. D'après nos informations, on se dirigerait bien vers une « association » avec deux numéros d'agrément, deux directions, mais un C.A. unique. Pour le conseil médical auvelaisien cette fusion-là se résumerait à une absorption de l'un par l'autre. Il écrit : « La situation économique du CHRVS nous paraît meilleure que celle du CHRN. Nous n'avons que peu d'avantages à fusionner totalement. » Plus loin : « les perspectives de développement de notre institution sont énormes alors que celles de Namur... passent par nous. Leur occupation de lits est moins bonne et les démissions de médecins s'y succèdent. Ils sont en perte vitesse en cardiologie, en chirurgie cardiaque et en neurochirurgie. » Auvelais souffre moins de la concurrence dans son périmètre et développe des collaborations qui se justifient médicalement avec d'autres que le CHR de Namur. Pas question, en résumé, de perdre son identité d'hôpital aigu : « Or nous ne voyons pas comment un projet de fusion pourrait maintenir cette dynamique. » Exemple : « divers projets, surtout le développement d'une garde neurochirurgicale ont été bloqués récemment, apparemment par l'influence de personnalités namuroises. Nous sommes en droit d'avoir quelques craintes à propos de la future rénovation de la maternité et du bloc opératoire. »
S.Si.

www.lavenir.net a écrit:Les CHR de Namur et Auvelais arrivent au confluent de leur rapprochement et deviennent, fusionnant, le CHR Sambre et Meuse.

Un bébé est né dans deux cliniques en même temps. Ce n’est pas de la magie, ni un miracle de la médecine moderne.

C’est le fruit d’un accord politique entre Maman Namur et Papa Auvelais.

L’enfant s’appelle « CHR Sambre et Meuse » et verra concrètement le jour au 1e janvier 2012.

Il est encore un peu tôt pour annoncer qu’il se porte bien mais les parents sont enthousiastes en tout cas.

Le faire-part est envoyé par les quatre formations politiques, PS, MR, cdH et Écolo (lire ci-dessous), représentant les partenaires publics des deux institutions. Explications…

1. Historique : un bébé de dix ans déjà Le temps de gestation aura été à la mesure de la taille des deux institutions : éléphantesque. « Cela fait dix ans que les CHR de Namur et du Val de Sambre ont entamé les premières démarches de collaboration » rappelle Jean-Charles Luperto, représentant le PS et la Basse-Sambre. Collaborations, accords de coupole, rapprochement des conseils d’administration… on est passé par toutes les étapes et tous les euphémismes pour en arriver aujourd’hui au fin mot : une fusion proprement dite.

2. La fusion : une nouvelle entité juridique Les changements liés à une fusion sont administratifs et juridiques. Namur et Auvelais vont se regrouper sous une Association de Pouvoirs Publics commune. « Concrètement, précise Dominique Notte, président du collège provincial,c’est celle de Namur qui va être élargie, renommée et à laquelle Auvelais vient s’intégrer. »Mais attention, comme les mots font peur et que les réticences existent (lire ci-dessous), il faut préciser. Et c’est Willy Borsus pour Namur et le MR qui le fait : « Les deux agréments distincts des deux hôpitaux sont conservés, chacun des partenaires apportant des parts à la nouvelle structure en fonction de ses résultats antérieurs. » Cela donne une proportion 2/3 pour Namur et 1/3 pour Auvelais soit 15 et 8 millions respectivement dans le capital total. 23, c’est aussi le nombre de membres du futur C.A. commun, selon la même répartition.

3. Les avantages : plus forts à deux 749 lits agréées en tout, cela fera plus que 419 à Namur et 330 à Auvelais. Philippe Defeyt, pour Écolo, explique cette curieuse arithmétique des soins de santé :« En se regroupant, on atteint une masse critique qui ouvre des portes en matière de financement que deux structures indépendantes n’auraient pas. Cela permet aussi d’envisager de plus lourds investissements pour se lancer dans certaines activités. »Un hôpital plus gros est aussi plus stable, plus attractif pour le patient et pour le personnel. Maxime Prévot, au cdH : « Le risque de déficit diminue et, avec lui, pour les partenaires, le risque de devoir refinancer. Pour le personnel c’est aussi une garantie d’un emploi maintenu, voire de création d’emplois… »

4. Pour le personnel : un nouveau statut, au choix Elles et ils sont 2200 à travailler aux CHR. Quid pour eux ? Un nouveau statut va être créé, spécifique à la nouvelle structure, qui sera d’application pour les engagements à venir. Les travailleurs actuels auront le choix d’y adhérer, ou pas. Quant aux pensions, la volonté est de les améliorer. Par quel procédé, nominations ou autre système, ce n’est pas encore tranché. Cela doit se discuter avec les instances syndicales, qui ont, estiment les politiques, marqué leur soutien au principe de la fusion…

www.lavenir.net a écrit:Auvelais, li p’tit qu’on spotche ?

Présenté avant-hier aux conseils d’administrations, syndicats, conseils médicaux, l’accord de fusion a reçu, d’après ses négociateurs politiques, un accueil positif. Mais pas unanime.« Il y a certaines réticences de quelques-uns »reconnaît Dominique Notte dans une vision un peu minimaliste des choses. Elle n’est pas partagée par tous ses collègues d’ailleurs.

Les « réticences » viennent, et avaient déjà été exprimées dans nos colonnes, notamment du conseil médical d’Auvelais. Il a marqué son opposition à la fusion. « Mais ce sont des réticences animées par des préoccupations personnelles de certains de ses responsables, là où notre démarche a été animée par l’intérêt public » analyse Jean-Charles Luperto. Là aussi, c’est un peu réducteur. Au sein du personnel, on se pose encore beaucoup de questions, légitimes. Pour résumer la crainte principale, un proverbe wallon : c’est todi li p’tit qu’on spotche. Ici, le ptit, c’est le CHR Val de Sambre. Doit-il craindre pour son avenir ? Les négociateurs basse-sambriens donnent plusieurs éléments de réponse. D’abord, ils n’ont évidemment pas travaillé pour tirer une balle dans le pied de leur site auvelaisien.« La volonté a été de garantir la pérennité d’un hôpital aïgu de proximité » dit Luperto. À ça, plusieurs garanties. En tête, la persistance d’un agrément propre. Donc Auvelais garde une maternité, une pédiatrie, des urgences, un SMUR. Ses autres activités propres ou menées en collaboration (et elles sont nombreuses) ne sont pas mises en péril et on ne désinvestira pas. Ce ne sera pas « tout pour Namur » : « Cela n’aurait pas de sens, analyse Maxime Prévot, puisqu’il y a une solidarité financière, d’affaiblir un des deux pôles. »« Et des collaborations, une démarche commune, cela existe depuis des années et fonctionne bien sur le terrain » assure Dominique Notte.

Deux conclusions sont tirées. Le politique a voulu, le politique a décidé. Mais il a voulu pour un bien et veut maintenant communiquer pour rassurer ce que la discrétion, voire le « black-out » de ses négociations, a aussi alimenté : « Il y a des craintes et elles sont légitimes. Il convient de les nommer sans pudeur et d’y répondre, pour rassurer. » termine Georges Gilkinet pour Écolo.

S.Si

La Nouvelle Gazette a écrit:Le conseil médical du CHR d’Auvelais dépose un recours au Conseil d’État

La majorité du conseil médical du CHR Val de Sambre à Auvelais ne veut toujours pas de la fusion entre le CHR d’Auvelais et celui de Namur. Elle le fait savoir en déposant un recours en annulation contre le processus de fusion. Le conseil développe ses arguments dans un avis motivé.

La Meuse a écrit:Fusion CHR Namur et Val de Sambre: le dossier reporté en avril 2016

Le tribunal de première instance de Namur a reporté mercredi matin en continuation le procès des médecins du CHR Val de Sambre contre la fusion des Centres Hôpitaux Régionaux (CHR) de Namur et Val de Sambre à Auvelais (Sambreville), a annoncé le président du CHR Sambre et Meuse (CHRSM), Etienne Allard. Effective d’un point de vue administratif depuis le 1er janvier 2012, la fusion n’est pas bloquée par cette procédure, a-t-il ajouté.

« L’affaire était fixée à plaider depuis plus d’un an, avec un calendrier d’audience. Les plaidoiries ont commencé ce matin et le magistrat a déclaré qu’il voulait analyser la recevabilité de cette action. Le procès a donc été reporté en continuation pour la suite des plaidoiries et, vu la disponibilité du tribunal, cela a été fixé d’ici deux ans (soit avril 2016 ndlr) », a rapporté Etienne Allard.

Le directeur se dit « optimiste » quant à l’évolution du conflit: « Le dialogue et l’écoute sont préférables à la guerre. Je me suis toujours voulu rassurant et collaborant. Et mon sentiment est que les rapports s’améliorent. Certaines personnes au sein du conseil médical comprennent que nous ne voulons aucun mal à Auvelais. »

Les médecins suspectent une volonté politique de faire entrer en force des médecins de Namur pour appliquer aux patients un principe des vases communicants entre les deux hôpitaux à la défaveur d’Auvelais. Ils avaient introduit deux recours devant le conseil d’Etat, tous deux rejetés.