SI BELŒIL : Le commandant Clarot passe la main

www.lavenir.net a écrit:Après une carrière de quarante-trois ans, Gaëtan Clarot quitte la tête du service d’incendie avec le sentiment du devoir accompli.

Ambiance de fête au casernement de Belœil, rejoint pour l’occasion par les amis et collègues pompiers du poste avancé de Basècles : le capitaine-commandant Gaëtan Clarot est admis à la retraite. Samedi à minuit, il a cédé les rênes – et les sirènes – au lieutenant Jack Daie.

Vrai « Belœillois », M. Clarot a derrière lui une longue carrière au service de la population, qui en faisait même le plus ancien commandant en titre des sapeurs-pompiers de Belgique, un grade auquel il avait accédé en 1982.

Gaëtan Clarot est né à Ath le 9 janvier 1951. Son papa, originaire de La Hamaide était directeur de l’école de Huissignies ; sa maman, native d’Ellignies-Sainte-Anne, grossiste en vins et spiritueux. L’origine de sa vocation (précoce) « d’homme du feu » semble être l’incendie de l’Innovation à Bruxelles en mai 1967 : il se trouvait à proximité du lieu de la catastrophe en compagnie de son papa et avait été frappé par l’impressionnante noria de véhicules de secours.

Gradué en électromécanique, il opte pour le service d’incendie dès la fin de ses études. À 20 ans, il est déjà lieutenant.

Celui qui fut le cofondateur de l’École du feu se souvient de son premier « sinistre » : un feu de grande à Sirault. Des souvenirs, il en a accumulés tout au long de sa carrière. Certains agréables, mais aussi d’autres très douloureux.

Des interventions sur des incendies d’une gravité exceptionnelle : l’église et le centre de Thulin, les écoles d’État de Belœil et Quevaucamps, l’usine athoise « La Floridienne », des bonneteries et une menuiserie à Quevaucamps, la fonderie Jadot à Belœil, l’usine Battaille à Basècles…

Mais l’épisode le plus triste de sa carrière, il l’a vécu, comme beaucoup d’autres pompiers, lors de la tragédie de Ghislenghien, le matin du vendredi 30 juillet 2004, qui a coûté la vie à son collègue, le commandant Eddy Pettiaux, et à quatre de ses hommes, ainsi qu’à 19 autres personnes : « J’ai vu des morts par centaines, d’innombrables atrocités, mais cette fois-là, le summum de l’horreur a été dépassé, explique-t-il.J’ai eu la chance dans chaque étape de ma peu enviable situation d’être secondé par des gens motivés et qualifiés. »

Heureusement, il y a parfois des événements plus amusants, plus cocasses : « Un jour, nous avons été sollicités pour neutraliser un orang-outang échappé d’un cirque et réfugié dans un verger de Quevaucamps. À notre arrivée, le primate s’est mis à lancer des dizaines de prunes en direction d’un pompier plus audacieux, avant de prendre ses pattes à son cou. On ne l’a capturé que quelques jours plus tard à Bon-Secours.»

Diplômé en Histoire de l’art à Liège en 1983, le commandant Clarot a pu collaborer à des expertises judiciaires avec son ami le commandant Jean-Pol Dupont (Ath). C’est à cette passion artistique – il marque un grand intérêt pour la peinture des XVIIIe et XIXe siècles – qu’il va aujourd’hui consacrer ses heures de temps libres. Avant de prendre congé de ses hommes, cet amateur de tir sportif a eu un mot pour les « vrais amis » de Basècles, qui doivent être considérés comme véritablement intégrés dans le service, et il a remercié l’ensemble du personnel :

« Le corps d’incendie de Belœil a fonctionné, avec des hauts et des bas, mais il a fonctionné. Merci pour l’aide efficace apportée durant ces années et qui nous a permis de sauver bon nombre de vies et de bien. Le service continuera à appliquer, j’en suis persuadé, sa devise « Servir sauver », pour le plus grand bien de la population. »