Warneton : Il y a 50 ans, un accident de cars faisait quatorze morts

www.lavenir.net a écrit:Le 1er mai 1962, deux cars de la firme Derudder entraient en collision au carrefour du Gheer. Un jour marqué d’une pierre noire pour la région.

Aux premières loges du drame, Vital et Marie-Louise Storme-Lemoine, qui n’oublieront jamais ce triste jour du 1er mai 1962. Le rapport de l’intervention des pompiers de Warneton, rédigé par le Commandant Joseph Debailleul, mentionne que Vital a été le premier à téléphoner pour signaler l’accident, à 12 h 22.

« J’ai entendu un grand bruit, explique Vital Storme (86 ans). J’ai pensé qu’on avait embouti ma camionnette, garée devant le magasin de meubles que nous exploitions. Je suis sorti et j’ai vu les deux bus encastrés. Au début, il y a eu un grand moment de silence, avant de terribles cris. Des personnes avaient été éjectées. Je les revois encore, sous un magnifique soleil. »

« Moi, j’ai entendu un énorme fracas. Je venais de rentrer de l’enterrement de Victor Leuridan, le père de Mademoiselle Geneviève, l’institutrice du Gheer, où je m’étais rendue avec mes deux fils, se souvient Marie-Louise (90 ans). Nous étions occupés de nous changer. Comme le bruit était sourd, j’ai pensé que mon fils Marc avait fait tomber quelque chose à l’étage. »

Très vite, les services de secours sont sur place : « Le docteur Jean Woestyn est arrivé le premier, accompagné de son épouse, poursuit Marie-Louise. Il m’a demandé de l’aider pour apporter les premiers soins. Nous avons soigné huit blessés dans la maison. »

« Les banquettes étaient avancées et elles ont dû être démolies pour retirer les victimes. Les morts et les blessés graves étaient à l’intérieur, parfois peu ensanglantés. Sans doute ont-ils été victimes d’hémorragies internes. Par contre, les personnes éjectées gisaient sur le sol, avec des membres brisés, mais pratiquement toutes ont survécu. »

Seules deux ambulances arrivent sur place ; l’une de l’hôpital d’Ypres, l’autre de Wervicq.

« Avec ma camionnette, j’ai transporté des blessés jusqu’à l’hôpital de Wervicq. Je me souviens qu’à chaque bosse, j’entendais des lamentations. »

Le rapport de Joseph Debailleul établit la liste des personnes qui ont transporté les blessés, outre Vital Storme : le docteur Woestyn, Alfred Casier, l’électricien Leterme du Bizet, Jacques Lysy, Guy Debailleul, RAF électricien de Wervicq, Jean-Marie Pétillon, Jean-Marie Vandenbroucke, Yves Capon, Étienne Coppin, René Lemenu et même le corbillard d’Alphonse Lysy !

Six personnes trouvent la mort sur place ; une septième décède dans l’ambulance et sept autres meurent les jours suivants. On dénombre près de 80 blessés !

Les six dépouilles ont été placées dans les dépendances du café d’Omer Parmentier. Par la suite, elles ont été regroupées dans une chapelle ardente aménagée dans la salle d’audience de la justice de paix de Wervicq.

En mars dernier, lors de l’accident de Sierre, les souvenirs sont revenus à la surface : « J’y ai vu de suite deux similitudes : les sièges qui se sont encastrés et le grand silence du début, conclut Vital. Quand ce genre d’accident arrive devant votre porte, vous ne réfléchissez pas, vous agissez au mieux ! »¦