19/02/2013 ( Les suite de Charleroi) : Ambulanciers toujours moins respectés

[b]Intervenants des services de secours sont de plus en plus souvent victimes d’un manque de respect. Quand ce n’est pas d’agressions.[/b]

Hier, le tribunal correctionnel aurait dû se prononcer sur le cas de deux ambulanciers du Service régional d’Incendie de Charleroi. Deux hommes prévenus d’homicide involontaire par défaut de précaution (voir ci-dessous). Un cas certes particulier – que la Justice aura à trancher – mais qui illustre une réalité à laquelle les intervenants des services de secours sont de plus en plus régulièrement confrontés : un manque de respect de leur travail et de leur qualité qui peut parfois aller jusqu’à une mise en cause de leur responsabilité quand les choses “tournent mal”.

«C’est un phénomène qu’il est difficile d’objectiver, car on ne dispose pas de statistiques, note Robert Javaux, responsable des services de secours à la Croix Rouge. Mais je constate que de plus en plus de rapports d’ambulanciers signalent des incidents.Que ce soit des comportements agressifs, des insultes ou un manque de respect dont ils sont victimes.» Un phénomène qui se serait fortement accéléré ces dix dernières années et qui est le plus souvent le fait de personnes sous influence d’alcool ou de drogue.

«Mais c’est aussi un problème plus global d’un manque d’éducation et de savoir-vivre, ajoute le commandant Marc Gilbert, président de la Fédération belge des corps de pompiers. Il n’y a plus le moindre respect de l’autre et de l’autorité!» Une situation qui se marque jusque dans le comportement des recrues des corps de pompiers : de jeunes sapeurs qui ont parfois du mal à accepter les ordres sans rechigner.

« Maintenant on couvre nos arrières »

Au SRI de Charleroi, on a évidemment tiré les leçons de la mésaventure vécue par les deux collègues. «Aujourd’hui, lors de nos interventions, nous prenons beaucoup plus de précautions administratives, indique le Lieutenant Méan. On ne peut obliger personne à être pris en charge. Donc on fait signer une décharge ou, si elle ne veut pas, on essaie d’avoir des témoins ou, dans les cas extrêmes, on fait appel à la police. On effectue nos interventions comme avant, parce que c’est notre métier, mais maintenant on veille systématiquement à couvrir nos arrières…»

Des précautions que prennent aussi les services de la Croix Rouge et la plupart des ambulanciers privés dans leurs interventions rendues toujours plus délicates à cause de patients irascibles.

«Dans les cas où les intervenants de secours sont mis en cause, ils sont couverts par leur employeur et notre Fédération propose aussi une assurance, indique le commandant Gilbert. Mais doit-on vraiment en arriver là pour des professionnels qui sont là pour aider les autres et qui pâtissent déjà d’un manque de moyens, de la démission des pouvoirs publics et qui maintenant sont attaqués en justice?!»


Alain wolwertz