LIÈGE - CHR de la Citadelle : Se former autrement grâce aux mannequins de simulation

www.lavenir.net a écrit:Face à une situation critique, chaque médecin sait que ce sont les premières minutes qui comptent. Afin d’améliorer son service aux patients, le CHR de la Citadelle vient d’acquérir un mannequin de simulation très sophistiqué. Quand la technique et l’humain collaborent pour améliorer les compétences des professionnels de la santé.
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Branle-bas le combat ce matin aux urgences de la Citadelle , un ouvrier qui a reçu une caisse métallique sur les jambes a dû être amputé. Il est conscient et saigne très fort. Il arrive en ambulance d’ici quelques minutes. Le bloc opératoire doit être prêt à l’accueillir…

Voilà le type de scénario catastrophe qui peut arriver aux services des urgences à toute heure du jour comme de la nuit. Si bien évidemment, ce type d’accident ne se déroule pas tous les jours, l’équipe de service doit être à la hauteur.

C’est pourquoi depuis plusieurs années, le CHR de la Citadelle à Liège a investi dans la simulation médicale en achetant différents mannequins hypersophistiqués.

«Le but est d’améliorer les compétences des professionnels de la santé et ce dans l’intérêt du patient» confie le Docteur Michel Vergnion, chef du service des urgences à la Citadelle.

«Nous avons une diversité de mannequins disponibles parmi lesquels deux mannequins pédiatriques, un enfant d’un an et un autre âgé entre 6-9 ans. Nous avons aussi des mannequins de moyenne fidélité ainsi que de nombreux mannequins permettant des gestes spécifiques comme des têtes d’intubation ou des dos permettant des ponctions lombaires.»

Le premier en Belgique

Et depuis 3 semaines, le CHR a accueilli un nouveau «patient » d’un genre très particulier. Baptisé «Laerdal trauma 3 G » du nom de la société norvégienne créatrice, ce mannequin hypersophistiqué est le premier en Belgique.

«Ce mannequin dit de haute-fidélité a été conçu pour répondre aux exigences de l’armée. C’est dire, à quel point, il est robuste et que les alternatives médicales sont multiples.»

Et en effet «Laerdal trauma 3 G» a plus d’un tour dans son sac. Troublant de réalisme, il est capable de parler, d’ouvrir et fermer les yeux, de pleurer, de respirer et de produire du CO2, de suer, de saigner. Du point de vue médical, il est capable des «pires atrocités» (ndlr: on vous le disait, il répond au cahier des charges de l’OTAN!) . Il est capable de mimer des amputations ou des arrêts cardiaques ou les deux à la fois avec tous les symptômes que cela implique.

Différents scénarios pour différentes techniques

Bref autant de réactions qui permettre l’application de différents scénarios et donc de pratiques médicales multiples: intubation, pose de drains thoraciques, de sondes urinaires, garrots, ...le tout sous contrôle. Car il est aussi capable de...mourir, si vous n’appliquez pas les gestes adéquats. Autant prévenir, si vous appliquez mal votre garrot, le sang continuera de couler!

« Par an, le service des urgences voit débarquer entre 180 à 200 patients graves dits polytraumatisés. Dernièrement nous avons eu une personne fauchée par un train. C’est un notamment un cas de figure qui ne se présente pas tous les jours. Pourtant il faut pouvoir répondre à ce type d’accident sans tarder. »

Et c’est bien là, le but de ces mannequins: faire face à différents scénarios pour renforcer les compétences de chacun et réduire les risques d’erreur.

Apprendre, c’est faire

«Ces mannequins ont plusieurs avantages: la formation bien sûr des étudiants et des professionnels mais c’est aussi un outil précieux pour nos équipes. La coordination médecin-infirmier est primordiale. De plus, ces mannequins nous permettent aussi de vérifier la conformité de nos procédures, de tester de nouvelles machines.»

Et on s’en doute tout cela à un coût. Si le prix des autres mannequins du CHR oscille entre 20.000 et 30.000 euros, «Laerdal trauma 3 G» a coûté 80.000 euros sans compter l’entretien et le personnel qualifié pour sa mise en service. Quand il fait ses comptes, le CHR a déjà déboursé entre l’achat, l’entretien et les frais techniques, près de 400.000 euros.

Comment ça marche ?

Petit bijou de technologie, ce mannequin est dirigé à partir d’une tablette. Plusieurs scénarios type y sont proposés mais le technicien peut à tout moment intervenir pour le modifier au gré de son envie et/ou en fonction des objectifs d’apprentissage.

Ces simulations se déroulent en trois étapes: un briefing de présentation du cas, la simulation proprement dit, le débriefing. Cette dernière étape est probablement la plus importante.