Rhisnes: deux policiers sauveurs n’ont pas eu peur d’aller au feu

www.actu24.be a écrit:Arrivés avant les pompiers, deux policiers sont entrés dans une maison en feu pour sauver l’occupante des lieux.

C’est très rare de voir deux policiers convoqués par le collège de police. Face aux trois bourgmestres de la zone Orneau-Mehaigne, Christophe Tillieux et Quentin Fayt ne sont pas venus pour se faire allumer mais bien encenser. Le courage qu’ils ont manifesté le dimanche 15 février valait bien cette mise à l’honneur, estime le chef de corps Claude Bottamedi. «Ce jour-là, on était en patrouille», rappelle Christophe Tillieux. «Quand on entend l’appel, on se rend compte qu’on est vraiment très proche des lieux.» Le combi file alors à toute allure en direction de la rue de Suarlée, à Rhisnes. «Lors de la première alerte, on nous signale un feu de cheminée…» Sur place, les deux policiers trouvent une situation plus critique. «À l’extérieur, on trouve un monsieur un peu hagard qui ne sait pas nous dire grand-chose. Mais on entend des cris à l’intérieur. Et là, c’est l’adrénaline qui monte encore un peu plus.» L’occupante des lieux est tétraplégique. Elle est dans son lit, elle est terrifiée et ne pourra pas sortir de la maison toute seule.

«Le souci, c’est la fumée. Elle est terriblement compacte. à l’intérieur, on ne voit même pas le bout de sa propre main», explique encore le policier gembloutois.«On tente de passer par l’avant mais c’est très difficile de localiser la dame. A un moment, on comprend qu’elle est vraiment au fond de la pièce.» Il y a un autre accès à l’arrière. Les policiers doivent escalader l’un ou l’autre obstacle pour faire le tour du bâtiment. «A ce moment, on n’entend plus les cris de la dame et là, on se dit qu’il est grand temps d’agir.» Les agents forcent une fenêtre oscillo-battante, à l’arrière de maison, et se rapprochent de la victime. «On arrive près d’elle en tâtonnant , explique encore Christophe Tillieux. Quand je repère le lit, il faut que je reparte à l’extérieur pour reprendre mon souffle.» Les policiers reviendront et extirperont la pauvre dame des flammes et de la mortelle fumée.

La Rhisnoise est toujours dans un état de santé assez délicat. Mais une chose est sûre, sans le courage de ces deux policiers de terrain, sa vie s’arrêtait ce dimanche-là, dans ce terrible incendie.

« On fait un peu comme dans les films »

Le t-shirt mouillé sur la bouche contre les fumées, ça ne marche pas si bien que ça, commentent les policiers, avec une pointe d’humour.

Les policiers n’aiment pas jouer les carabiniers d’Offenbach. «Mais d’habitude, pour ce genre de faits, on n’est pas les premiers sur place. Souvent, les pompiers, le SMUR et les autres services de secours sont déjà à l’œuvre», rappelle Quentin Fayt. Mais ce 15 février, un heureux hasard a voulu que les deux policiers gembloutois soient les premiers sur les lieux. «On a eu quelques cours de premiers soins à l’académie de police mais ça se résume à ça», rappelle Christophe Tillieux.

«Alors, on a un peu fait comme dans les films, s’amuse Quentin Fayt. Pour tenter de contrer les fumées, on a mis un t-shirt mouillé sur la bouche. Mais finalement, ça ne marche pas si bien que ça…»

Le plus difficile pour ces policiers, ce fut de se déplacer, à tâtons, à travers une pièce où chaque meuble devient un piège, chaque objet un chausse-trappe.

«Le son aussi est assez impressionnant, continue Quentin Fayt. Ça crépitait un peu de partout. Et puis, les plaques commençaient à tomber du plafond. On ne savait jamais trop si on n’allait pas se ramasser quelque chose sur la tête.»

Le duo a bien géré son stress. «Cela fait partie du métier. Et si ça se représente demain, je fonce de la même manière», assure Quentin Fayt.

Ces deux policiers ont intégré la zone Orneau-Mehaigne depuis six et dix ans. Auparavant, ils étaient affectés à la police fédérale. «On a vraiment pris le meilleur de ce qu’il y a au niveau fédéral», plaisantait Benoît Dispa, le président de la zone. Sur ce coup-là, on ne peut pas lui donner tort.