Outrage et rébellion

www.lavenir.net a écrit:Il y a de moins en moins de PV pour outrage et rébellion. Les gens sont-ils moins nerveux et plus polis? Pas sûr.

«Les jeunes se sentent plus vite outragés que les plus âgés. Sans doute que cela glisse mieux sur la carapace des derniers.»: c’est un constat de commissaire de police qui connaît ses hommes. Mais jeune ou vieux, des outrages et des rébellions, ils en vivent régulièrement.

Les chiffres sont interpellants: ils sont en baisse. On est passé de 6 185 rébellions en 2010 à 5 086 en 2013. Même tendance pour les outrages: de 4 150 en 2010 à 3 177 en 2013. Les gens deviendraient-ils plus polis, moins belliqueux ou les policiers plus diplomates?

Trois coups de sonde dans des zones de police liégeoise, namuroise et hennuyère confirment que les gens contrôlés ne sont pas plus polis et plus calmes avec les années qui passent. Au contraire.

«Presque délicat d’effectuer un simple contrôle»

Un chef de zone confirme que dans certaines zones cela devient presque délicat de demander les papiers. «Les outrages, on ne les compte plus. Quant à la rébellion, ça se transforme beaucoup plus vite en coup. Pour les outrages, franchement, on se ferme les oreilles. Par contre, on réagit quand les gens vont se plaindre suite à une intervention. Là, où on ne laisse pas passer, c’est pour les coups.» Même son de cloche auprès des parquets.

Dans cette autre zone, le chef de zone explique: «On s’inscrit plus dans une culture de l’apaisement. Sinon? On ne s’en sort plus…» Bref, là, on n’encourage pas les policiers à déposer plainte sauf quand le comportement est inacceptable. La question est dès lors: qu’est-ce qui est inacceptable?

«On remarque par contre que de plus en plus de citoyens déposent plainte contre les policiers. Mais qu’en fin de compte, bien peu de ces plaintes sont fondées. En fait ce sont souvent des gens qui tentent de justifier après coup des blessures qu’ils ont essuyées lors de leurs excès bibitifs.»

Certains sont plus vite outragés que d’autres

Un autre commissaire pointe du doigt aussi les excès en tous genres. «Que ce soit sous alcool ou stupéfiant, ils sont sous influence. Bref, ils sont dans un état second. Alors? On attend le lendemain. S’il persiste alors on rédige un PV. Mais attention, il y a des gens qui n’aimeront jamais les policiers.»

Bref, là aussi, on fait des PV «à meilleur escient», c’est-à-dire quand les conséquences sont plus graves.

Et puis, il y a un autre élément confirmé dans les zones sondées: «Des policiers sont plus vite outragés ou blessés que d’autres. On peut dire que certains fonctionnaires de police ont une attitude trop carrée qui provoque des réactions plus vives.»

Alors pourquoi les chiffres sont-ils en baisse? Banalisation, souci d’apaisement, «priorisation» mais aussi paperasserie et procédure lourde (lire ci-contre).

www.lavenir.net a écrit:La rébellion, c’est le cas classique du gaillard qui se débat lorsqu’il est interpellé. Sans donner de coup. Là, en théorie, il risque jusqu’à 6 mois de prison pour la rébellion simple.

L’outrage est moins dangereux: 1 mois. Que ce soit en parole ou par geste: un pouce qui passe sur le cou ou un majeur véhément valent outrage. Mais la note peut vite s’alourdir si la rébellion se corse. Si elle est armée, en bande, se prolonge par des coups ou quand l’outrage devient menace.

Les coups, sont systématiquement poursuivis. La rébellion simple et l’outrage? Tout dépend de l’auteur si c’est un récidiviste, un fait isolé… Cela peut aller de l’excuse à la transaction.

www.lavenir.net a écrit:L’arrestation administrative : la solution de rechange

Les policiers ne vous le diront pas tout de go mais ils le pensent très fort. La loi Salduz qui protège les intérêts d’une personne privée de liberté au niveau judiciaire est très contraignante.

L’outrage et la rébellion s’inscrivent souvent dans un cadre plus «large».

Dans ce cadre, la privation de liberté nécessite une procédure qui devient vite très lourde. Recours à un avocat, aval d’un magistrat du parquet… Ce qui peut prendre beaucoup de temps. De moins en moins de policiers n’ont envie de mettre tout cela en branle pour des faits «qui n’en valent pas la peine».

Alors? Quand un système mis en place devient inopérant pour des «petits» faits, les intéressés cherchent une solution plus efficace dans l’arsenal légal qui est à leur disposition.

Ici, cette solution s’appelle l’arrestation administrative. Cette arrestation administrative se justifie lorsqu’il y a trouble de l’ordre public.

Quand un olibrius provoque du pétard quelque part et qu’il s’en prend aux forces de l’ordre quand elles débarquent elles peuvent ainsi l’embarquer et le mettre au frais. Le temps qu’il en revienne à de meilleures dispositions.

L’arrestation administrative permet une privation de liberté de maximum 12 h, mais sans PV à la clef pour rébellion ou outrage…