Echographie extra-hospitalière

www.lavenir.net a écrit:Diagnostics accélérés à bord de l’hélico

L’échographie portable, c’est le «stéthoscope du XXIe siècle». Le Centre médical héliporté de Bra-sur-Lienne est pionnier de cette avancée majeure.

Depuis 2011, le Centre médical héliporté (CMH) de Bra-sur-Lienne (Lierneux) s’est doté d’un appareillage d’échographie portable. Il fait ainsi œuvre de pionnier, en Belgique, pour l’échographie extra-hospitalière lors d’interventions urgentes, via son hélicoptère ou son ambulance. Il vient de présenter le bilan de son expérience (et de son expertise), lors du congrès de la Société scientifique belge de médecine d’urgence (Besedim). Coordinateur opérationnel du CMH, le Verviétois Olivier Pirotte évoque les avantages de ce qu’il appelle «le stéthoscope du XXIe siècle».

En quoi l’échographie extra-hospitalière est-elle une avancée majeure?

Elle permet de confirmer un premier diagnostic, avant même que le patient arrive à l’hôpital, et donc de transmettre au plus vite l’information à l’hôpital, qui prend ainsi le patient en charge, dès son arrivée, sans devoir encore procéder à cet examen. Par exemple, pour une personne victime d’un accident cardiaque, on peut localiser où exactement, dans quelle partie du cœur, il y a une nécrose. Autre exemple: si on constate des signes, comme un saignement, d’une possible hémorragie interne, d’une lésion thoracique ou abdominale, l’échographie permet de le confirmer ou non, d’affiner le diagnostic et de nous diriger vers l’hôpital le plus adéquat pour le trauma en question, tout en avertissant déjà cet hôpital du trauma dont souffre le patient que nous transportons chez lui.

Quand l’hélicoptère médicalisé, ou l’ambulance, prend un patient en charge, par exemple lors d’un accident, il ne le transporte donc pas nécessairement vers l’hôpital le plus proche?

Non, pas nécessairement. Nous le transportons vers l’hôpital le plus proche parmi ceux qui disposent du plateau technique le plus adéquat pour soigner ce dont il souffre.

Y a-t-il des hôpitaux plus spécialisés que d’autres pour certains traumatismes?

Nous avons de la chance, en province de Liège. Le CHU et le CHR de la Citadelle disposent chacun d’un plateau technique pour les gros polytraumatismes, les traumas crâniens, thoraciques, etc. Le CHU a un des six centres pour brûlés de Belgique. Pour la pédiatrie intensive, on se dirige vers la clinique de l’Espérance à Montegnée, qui fait partie du CHC, ou vers la Citadelle. La province de Liège est vraiment mieux lotie que la province de Luxembourg, où nous intervenons aussi, mais où aucun hôpital ne dispose de plateau spécialisé; nous devons donc transporter certains patients, gravement atteintes, vers un hôpital liégeois.

Pour en revenir à l’échographie, le CMH la pratique directement, sur place, ou lors du transport par hélicoptère?

Notre philosophie est toujours de gagner du temps sur le temps. Généralement, l’échographie est pratiquée dès que le patient est embarqué, durant le vol donc. Mais si la personne ne peut être transportée immédiatement, par exemple parce qu’elle doit être désincarcérée de sa voiture lors d’un accident, nos médecins n’attendent pas qu’elle soit transportable et font l’échographie sur place.

Pas dans toutes les missions

L’échographie est-elle pratiquée chaque fois que l’hélicoptère prend une personne en charge?

Non. Selon l’étude que nous avons menée, sur la période s’étalant du 1er janvier 2013 au 15 octobre 2015, nos équipes sont intervenues à 3 216 reprises. Sur ce total, nous avons réalisé 350 échographies extra-hospitalières, 190 pour affiner un diagnostic d’un traumatisme grave, 160 pour divers examens, de type cardiaque, pulmonaire ou abdominal. Il y a aussi, parmi ces cas-là, les femmes enceintes, chez qui on vérifie que le bébé va bien. Ces chiffres ne reprennent que les missions assurées par les 5 médecins qui pratiquent le plus souvent l’échographie; sinon, on est aux environs de 400.

Tous les médecins du CMH ne sont pas formés à cette technique?

Désormais, si, tous nos 13 médecins le sont. Cela représente un investissement important pour notre ASBL: outre les 50 000€ de l’achat de l’appareil, qui a été financé par la Loterie nationale et des associations, il faut aussi compter 7 000€ pour chacune des trois sondes, ainsi que 1 000 pour la formation de chaque opérateur. À défaut de formation disponible en Belgique, ils l’ont suivie en France (le CHU de Liège et l’UCL vont toutefois mettre en place une formation d’interventionniste en échographie portable).