Pénurie de personnel à la Police de la Route

www.dhnet.be a écrit:Pénurie grave à la police de la route: 41,5% de déficit en personnel

La police de la route est-elle encore à même de mener ses missions, faute d’effectif suffisant? Le parti DéFI s’en inquiète, sur base de chiffres en Luxembourg.

Un service dont l’effectif n’atteint plus que 58,5% de ce que le cadre prévoit normalement: on peut dire que le seuil critique est non seulement atteint, mais aussi largement dépassé!

Après la mobilité et les trains, le parti DéFI d’Olivier Maingain continue à vouloir accroître sa visibilité en Wallonie et sort cette fois des chiffres sur la situation «catastrophique» (sic) à la police de la route.

«Nous avons réussi à nous procurer les chiffres les plus récents, aux meilleures sources», dit Jonathan Martin, le Libramontois vice-président francophone de DéFI. « Au train où ça évolue, il manquera en Belgique entre 4 500 et 5 000 policiers à la fin de la législature en 2019»

Ces chiffres au 1er mars 2017? Ils indiquent que la police de la route en Luxembourg est la moins bien servie de tout le pays puisque 65 membres du personnel sont prévus pour le cadre opérationnel (Ops), mais qu’en réalité ils ne sont que 38 policiers opérationnels (sans tenir compte de 6 policiers détachés).

«Cela fait un déficit capacitaire de 41,5% dans le Luxembourg. Inadmissible pour un service public!», commente Jonathan Martin, qui va être relayé par son président Maingain lors d’une question parlementaire au ministre de l’Intérieur N-VA Jan Jambon.

Les policiers vieillissent

Tous les services de la direction de la police de la route sont impactés à travers le pays par ce déficit au cadre opérationnel.

Le pire, c’est en Luxembourg, on vient de le voir. Mais par rapport au cadre opérationnel normalement prévu, ce déficit est aussi de 34,4% dans le Brabant; 22,2% à Liège; 16,1% à Namur; 31,3% dans le Hainaut.

Également en Flandre: 21,3% en Flandre occidentale; 28,5% en Flandre orientale; 26,4% à Anvers; 28,6% dans le Limbourg.

Autre phénomène pénalisant: le vieillissement des policiers de la route. D’après DéFI, 52% des inspecteurs principaux à la police de la route ont plus de 50 ans, ce qui veut dire que plus de la moitié partiront à la pension endéans les cinq à dix prochaines années.

Reconnaissance automatique de plaques: avec quels policiers?

Le parti DéFI, qui demande en urgence au gouvernement fédéral d’intensifier des recrutements pour la police de la route, estime que les conséquences de ce déficit en personnel nuisent à l’efficacité même des missions de sécurité routière des policiers des WPR sur les routes et autoroutes: augmentation des délais d’intervention, risques accrus de congestion routière, impossibilité de mener des missions de renfort et d’appui.

Qu’en est-il aussi de cette technologie dernier cri, les caméras «intelligentes «ANPR (Automatic Number Plate Recognition)?

Ces caméras permettent la reconnaissance automatique de plaques d’immatriculation à partir d’une banque de données. Ce système permet de retracer les trajets de suspects en cavale, de véhicules volés, de lutter contre le terrorisme et le grand banditisme.

Mais comment être efficace contre les terroristes qui se hasarderaient à circuler sur nos autoroutes si au départ, vous n’avez même pas les hommes en suffisance pour manipuler ces caméras ANPR?

Vincent Gilles (Président du SLFP -Police) : 5 000 policiers trop peu d’ici deux ans en Belgique?
Le syndicaliste Vincent Gilles connaît bien le problème du manque d’effectifs à la police. Son avis est d’autant plus intéressant qu’il est luxembourgeois puisqu’originaire d’Houffalize. Mais Vincent Gilles ne veut pas qu’on victimise toujours le Luxembourg. «À la police de la route, le Luxembourg n’est pas mieux ou moins bien loti. Les policiers de Flandre occidentale par exemple ont aussi beaucoup de km à parcourir et manquent d’effectif.» Pour le patron du SLFP Police, il n’y a pas que la police de la route, mais toute la police confondue (fédérale et locale) qui manque cruellement de personnel: «En 2012, sous le gouvernement di Rupo, on était à – 287 ETP pour le pays. On est descendu en 2014 à – 2 800 ETP. Fin 2015, après les attentats à Bruxelles, le nouveau gouvernement Michel a décidé de recruter 1 600 ETP. Cela nous remplume un peu, avec les 250 ETP et 15 millions arrachés au dernier conclave budgétaire de fin avril, mais l’écart continue à se creuser avec les départs à la pension. Au train où ça évolue, il manquera en Belgique entre 4 500 et 5 000 policiers à la fin de la législature en 2019.»

Jonathan Martin (Vice-président francophone DéFI) :
«Une fois de plus, c’est le Luxembourg qui paye la plus grosse part de l’addition. Les Luxembourgeois sont pourtant des citoyens et des contribuables comme les autres, qui sont en droit d’attendre de pouvoir bénéficier d’un service public de qualité. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on parle de sécurité, une préoccupation majeure de nos concitoyens. La province de Luxembourg a toujours été l’éternelle oubliée. Mais avec ce gouvernement fédéral, les dégâts sont plus importants encore. Comment pourrait-il en être autrement avec la N-VA qui n’a comme seul objectif que de démanteler l’État fédéral? Quand on combine un agenda caché avec une austérité aveugle, les conséquences pour la population ne peuvent qu’être désastreuses. Aujourd’hui, le message doit être clair: l’État N-VA, basta!»

Sur le terrain en Luxembourg, les policiers de la WPR (police de la route) confirment que leurs effectifs étriqués les contraignent à se concentrer sur leurs missions essentielles: l’assistance aux usagers sur la route.

«Mais il nous devient de plus en plus impossible d’apporter un appui à des zones locales, par exemple un contrôle routier sur la N. 81, nous ne pouvons plus le faire comme avant.»

Autres conséquences: l’absence de cadres ne permet plus d’encadrer les jeunes collègues comme auparavant. Quant à la formation continue et aux recyclages, beaucoup de policiers de la route doivent y renoncer, toujours à cause du manque de personnel.

La province de Luxembourg est loin de Bruxelles, et peu de jeunes policiers de la route aspirent à venir travailler dans la verte province, dont les services publics souffrent aussi d’une attractivité avec le Grand-Duché voisin.