Exercice : Bierset a frôlé la catastrophe (27/04/06)

Bierset a frôlé la catastrophe

Plus de 500 personnes en exercice « grandeur nature ». Quelques morts, des blessés et beaucoup de figurants au menu d'un exercice catastrophe réaliste.

Qu'on nous dise au moins quel avion c'est ! » « Mais regardez, y'a que nous ici, donc c'est bien notre avion. Le vôtre aussi c'est celui de Los Angeles ? » Il est 13 h 50 dans le hall d'entrée de l'aérogare de Bierset. Depuis une dizaine de minutes, la panique gagne un groupe d'une cinquantaine de personnes. Refoulées à la grille d'entrée sur les pistes de l'aéroport lorsqu'ambulances et camions de pompier s'y précipitaient, elles sentent fatalement qu'il y a du drame dans l'air. « Ils ont juste dit un Boeing B je ne sais plus quoi, enchaîne un jeune homme. Il y a des pompiers partout, c'est pas normal. »

Pas normal, pas réel mais assez réaliste, l'exercice catastrophe « grandeur nature » mené hier à Bierset a impliqué plus de 500 personnes. Tant du côté des services de secours que des figurants (221) jouant les passagers fictifs de l'avion ou, à l'extérieur des pistes, un membre de la famille venu attendre. Comme Maria, un petit bout de femme énergique qui arrête quelques secondes de grogner pour glisser, entre parenthèses pour ses « collègues » : « Le pauvre gars, ça fait la quinzième fois que je l'agresse. » Et mieux repartir à l'attaque d'un employé de l'aéroport qui n'a aucune réponse à donner : « Où ça l'accueil des familles, et puis pourquoi il y a un accueil des familles. Qu'est ce que ça cache ? »

Maria, dans la vie, elle est plutôt de l'autre côté, au service d'accueil des victimes pour la police de la zone « Seraing ». Le scénario qu'on lui a remis avant l'exercice et qu'elle prend à coeur de défendre précise que son mari revient d'un voyage d'affaire aux Etats-Unis où il va régulièrement présenter des rapports à son employeur...

15 h 30, sur le tarmac, le plus « dur » est passé. Les pompiers ont terminé d'éteindre l'incendie supposé de l'avion. Les blessés sont emmitouflés dans des couvertures de survie, couchés sur des civières et attendent que leur tour arrive dans le ballet des ambulances. Un peu plus loin à l'entrée du poste médical avancé, une petite file se forme à l'admission des blessés. Sous la tente gonflable jaune, chacun s'active pourtant.

Dans l'aérogare, où l'exaspération grimpe : « Je vous assure, Madame, on attend aussi la liste des passagers. Mais chacun se concentre d'abord sur l'aide aux passagers, assure une personne « enfin » en charge de l'accueil des familles. Si on avait la liste, on vous la donnerait. » « On voit bien que ce n'est pas votre mari qui est dans l'avion... » 16 h, l'exercice est terminé. Les (faux) 32 morts et les nombreux blessés feront finalement partie des bons souvenirs de Bierset.

La prise en charge des blessés prend du temps
17 h 30, après un premier débriefing avec les différents services, le gouverneur Michel Foret dresse un rapide bilan. Positif sur le déploiement rapide et ordonné de plus de 250 intervenants des services de secours.

Mais l'exercice était attendu et préparé. Moins positif sur le temps nécessaire à la prise en charge des blessés au-delà des abords immédiats de l'accident. « Et ça, il y a peu d'espoir que ça puisse être vraiment amélioré », reconnaît le gouverneur. Sur l'exaspération des familles, qu'il a bien ressentie (Maria, dans son rôle, s'était chargée de bien la lui faire sentir...), il la dit liée à la volonté de ne communiquer que des choses vérifiées. Compatible avec l'impatience familiale... ?



ÉRIC RENETTE
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2006
jeudi 27 avril 2006, 02:00

Article + reportage photos parus sur le site de la CRB : http://www.croixrouge.be/page.aspx?pagRef=NEWS&artID=39