Une voiture-kit pour sauver des vies

Une voiture démontable pour apprendre aux futurs infirmiers quels gestes poser en cas de désincarcération : nouvel outil pour la Henallux.

Une voiture qui se démonte. Une Ford presque en kit, dont la toiture s’enlève à la façon Ikea, dont les portières sont mobiles, dont l’arrière est démontable. Ceci n’est pas un jouet, mais un outil didactique, pédagogique, destiné aux étudiants du département paramédical Sainte-Élisabeth de la Henallux, la Haute école Namur-Liège-Luxembourg.



La question se pose immédiatement : dans une équipe qui forme principalement des infirmières et des sages-femmes, et dont 90 % des étudiants sont de sexe féminin, pourquoi jouer encore aux voitures? Simplement, répond l’équipe, parce que les exercices de désincarcération et d’approche des multi-traumas se faisaient jusqu’ici dans une classe, sur des chaises, sans aucune mesure ni raisonnable appréhension avec la réalité de ce que les futurs professionnels devront affronter. Cette voiture, conçue spécialement pour la formation, permet de comprendre quel geste faire, quel démarche éviter. Didier Stuckens, du département paramédical : «On change ici la démarche. Pour un acci dent aigu, avec une vraie victime, un habitacle détruit, broyé, et du sang partout, il faut les bonnes réactions. Nos conditions d’enseignement et de préparation étaient trop sommaires. D’où le projet de cette voiture, démontable et remontable à l’envi. »

Mais aussi, la démarche a fait travailler et réfléchir deux équipes. Les futurs infirmiers, et de futurs carrossiers : le projet, multidisciplinaire, est effectivement le fruit de la réflexion des étudiants en SIAMU du Département paramédical Sainte-Élisabeth, de la réflexion et élaboration des étudiants du deuxième Master du Département Ingénieur industriel de Pierrard-Virton, et de la réalisation des élèves de professionnel garage-carrosserie de l’Institut des Arts et métiers de Pierrard. Le véhicule a été confié par la police des autoroutes, et sa reconfiguration assurée à Virton.

Présentée hier dans un des halls de Saint-Jean de Dieu (les Sœurs de la Charité sont propriétaires de locaux investis par la Henallux), la voiture kit n’aura donc coûté que beaucoup de temps… de formation. Allégée, débarrassée de tous ses polluants, de ses vitres et de son moteur, elle ne garde que sa carcasse, désormais espace d’exercice, et sous le capot sa batterie, puisqu’une désincarcération passe par la coupure du courant, geste que les étudiants feront leur. Échange de compétence, échange de projets, échange de formation.

Reste à trouver à cette choupette pédagogique un endroit où se loger.