Dossier médical: le grand partage

www.lavenir.be a écrit:Près de 75 000 Wallons sont inscrits sur le Réseau santé. Le partage électronique des dossiers médicaux est une réalité. Et la Wallonie sert même de modèle. Et la Wallonie sert même de modèle.

Le «Réseau santé wallon» n’évoque pas encore grand-chose pour la majorité d’entre nous. Le concept reste flou même quand on assure qu’il permettra «d’assurer la durabilité du système de santé et d’éviter de multiplier inutilement les examens médicaux coûteux (lire aussi en pages 2 et 3)».

Quand on explique que le Réseau en question permet aux différents médecins amenés à s’occuper du même patient de disposer de toutes les données nécessaires le concernant sans perdre de temps, grâce au partage du dossier médical informatisé… On commence à y voir plus clair. «Interconnexion» est le mot-clé.

Mais rien ne vaut une démonstration en temps réel.

1. Salzinnes, le cabinet du généraliste Des médecins de plusieurs hôpitaux wallons présentent le cas d’une patiente fictive, mais dans les conditions du direct, comme on dit à la télé. Sur trois écrans, on suit pas à pas leurs manipulations informatiques.

Ainsi, le Dr Philippe Jongen, généraliste à Salzinnes, apprend par un coup de fil de la famille que Toudie Sulvoye, une de ses patientes, a été hospitalisée la veille au CHU Ambroise Paré de Mons. Le généraliste fait partie du Réseau santé wallon. Elle aussi.

De son cabinet, via le Réseau, il peut consulter les documents déjà disponibles au sujet de sa patiente sur le site sécurisé d’Ambroise Paré. Douleurs thoraciques diffuses, prise de sang réalisée, etc.

« Pour ma part, j’ai sur mon serveur un scanner abdominal fait au CHU de Liège», raconte le Dr Jongen. Images médicales haute définition transmises illico, tout comme d’autres infos : allergies de la patiente, traitement en cours, etc. Quelques clics, et c’est publié sur le Réseau santé wallon.

2. Mons, les urgences A Mons, le Dr Binet, est responsable des urgences. Avant d’aller voir Mme Delvoye, il consulte son dossier sur le serveur. Il prend connaissance des examens déjà réalisés, à Mons ou ailleurs. «Après examen clinique, je ne suis pas rassuré. Il va falloir transférer Toudie Sulvoye au CHU de Charleroi pour un examen complémentaire. Je mets mon rapport des urgences sur le serveur. Je valide. De ce fait, je le mets à disposition sur le Réseau.»

Le rapport du généraliste est arrivé. L’ensemble a pris quelques secondes. «Mais c’est une plus-value énorme. Un gain de temps. Plus besoin de refaire un scanner. Les infos sur sa médication et les allergies sont intégrées aussi. Ça servira d’alerte pour l’hôpital», note le Dr Binet.

3. La patiente dans l’ambulance Et la patiente? Dans l’ambulance qui l’amène de Mons à Charleroi, elle l’a fait savoir à son généraliste : réseau ou pas, pas question que d’autres médecins que lui soient au courant pour ses problèmes d’alcoolisme chronique. L’accord conclu entre le Dr Jongen et elle lui permet de verrouiller cet accès spécifique. Elle pourra aussi vérifier elle-même qui consulte son dossier et à quel moment.

Pour l’instant, l’Ordre des médecins fait encore barrage sur un point : l’accès du patient au contenu des documents médicaux. « Le médecin doit garantir que le patient ne subira pas de préjudice en y ayant accès seul, qu’il n’y a pas de notes subjectives dans le dossier, ni de référence à des tiers », précise le Dr André Vandenberghe, directeur du projet de Réseau santé wallon. Mais une expérience pilote sera bientôt menée à Charleroi dans ce sens.

4. Le modèle wallon, au scanner En Wallonie, tous les hôpitaux, publics ou privés, sont interconnectés. Onze logiciels médicaux hospitaliers homologués cohabitent en harmonie. Bruxelles est aussi à portée de clics. Quant à la Flandre, elle ne dispose pas d’un seul réseau intégré mais de trois ou quatre grappes distinctes. Mais sur le plan technique, l’échange de données est également possible entre le nord et le sud du pays. Bref, la Wallonie sert de référence au niveau belge. C’est l’actuel ministre-président wallon, Rudy Demotte, qui avait lancé le système il y a 10 ans, quand il était encore ministre fédéral de la Santé. Les Wallons ont préféré financer un système intégré de partage de données, via l’ASBL Fratem. Mission accomplie.

Près de 75 000 personnes sont inscrites sur le Réseau santé (2 % de la population). Objectif : inscrire 3,5 millions de personnes. Il reste quand même du chemin… «C’estun pas essentiel pour le patient et pour la continuité des soins », commente la ministre wallonne de la Santé Éliane Tillieux.

www.reseausantewallon.be