Le général des Années de plomb est mort

www.dhnet.be a écrit:Le lieutenant général en retraite Robert Bob Bernaert est décédé, la semaine passée, à l’âge de 86 ans. Ses funérailles ont eu lieu samedi à Nieuport.

Disparition en toute discrétion de celui qui, succédant au général Beaurir, avait commandé la gendarmerie entre 1984 et 1988.

Années restées en Belgique comme les Années de plomb, les plus terribles que la gendarmerie ait eu à traverser.

Sans oublier le naufrage du Herald of free Enterprise avec ses 193 morts le 6 mars 1987 au large de Zeebrugge, le général Bernaert dirigeait la gendarmerie lors du drame du Heysel qui mit en évidence de lourds dysfonctionnements, du terrorisme des CCC et de la seconde vague des tueries du Brabant, la plus meurtrière avec 16 victimes tuées et un mystère qui reste entier trente ans après.

Avec Bob Bernaert , les questions commencèrent dès la nomination qui fut une surprise : c’est un autre nom, Paul Reviers, qu’on attendait. On parla de "nomination politique décidée en comité secret au CVP".

Ancien inspecteur général du corps, Robert Bernaert avait fait un passage au cabinet de la Défense.

Quand les tueries du Brabant redémarrent en septembre 1985 après deux ans et demi de trêve, le public observe que les massacres dans les Delhaize et les Colruyt permettent à la gendarmerie de muscler son commandement, moderniser son armement et remplacer son charroi obsolète par des centaines de VW Golf GTI ultra-puissantes et ultra-rapides.

Le général Bernaert fait face aux allusions perfides, y compris lorsqu’une piste semble mettre en cause plusieurs anciens gendarmes bruxellois.

La tempête, les critiques, Bernaert dut les affronter aussi en commission Heysel après la tragédie du 29 mai 1985. Bernaert est présent dans la tribune officielle. En commission, il décrira le chaos. "Le soir du match, j’étais là par hasard. J’ai pris le commandement parce que ça tournait mal. C’est quand même un tour de force d’avoir ramené tant de gendarmes en une heure."

Il confiera cette conversation plus tard avec Charles-Ferdinand Nothomb, ministre de l’Intérieur : "Écoutez, général, vous et moi devrions faire un geste : démissionner."

Démissionner, le ministre et Bernaert y échapperont, mais ils échapperont aussi au procès, et tout tombera sur un malheureux major…