Auvelais: le service d’urgences du CHR sous tension

www.lavenir.net a écrit:Trop d’heures à faire, difficulté à trouver des médecins: les urgences d’Auvelais, à plein régime, souffrent. Sur fond de conflit avec le pouvoir gestionnaire.

La tension, le stress, font partie du quotidien d’un service médical d’urgence. Au CHR Val de Sambre d’Auvelais, qui tourne par ailleurs à plein régime, il semble cependant que divers éléments aient tendance à exacerber les choses ces derniers temps. Plusieurs sources font état d’une crispation autour du service. Les soins prodigués aux patients ne sont pas en cause, on parle plutôt de difficultés internes et de gestion. Explications.

Premier élément factuel: ces dernières semaines, il est arrivé que le véhicule SMUR ne sorte pas en intervention, les sollicitations étant dispatchées vers d’autres services de la région. «Il y a actuellement un souci pour arriver à remplir toutes les cases de la grille horaire» indique un médecin urgentiste. En cause, un manque de personnel: «Du coup, certains sont parfois amenés à prester des gardes de 36 heures d’affilée.»

Ce qui, au vu des enjeux et des risques, ne semble ni raisonnable, ni humainement tenable. À certains moments, il n’y a sur place qu’un seul médecin; or sa présence est nécessaire pour assurer les urgences dites «à la porte», celles pour lesquelles les patients se présentent au CHR d’Auvelais. Il ne peut donc pas embarquer dans un véhicule SMUR au départ, au risque de laisser les salles d’urgence sans toubib.

«La situation est telle par ailleurs que les gens, et on peut les comprendre, ne sont plus toujours très motivés à se dévouer pour reprendre des gardes , poursuit un interne concerné. Il y a de grosses grosses tensions entre le service et le gestionnaire politique de l’hôpital.»

Dominique Notte, vice-président du CHR Sambre et Meuse (et représentant en particulier l’aile sambrienne au sein de l’association) ne nie par certaines difficultés. À la base, confirme-t-il, il y a bel et bien un souci de manque de personnel: «On peine à recruter. Il y a pénurie d’urgentistes. Ce n’est pas propre à Auvelais, mais sans doute que le contexte de la désignation du chef de service (NDLR: lire ci-dessous) n’y encourage pas à venir travailler.» Du point de vue du gestionnaire, pas d’alarmisme: «On est en attente pour après Pâques du projet de service de la part du nouveau responsable arrivé il y a environ un mois. Sur base de cela, on pourra activer ce qui est nécessaire.»

Pas d’alarmisme peut-être, mais il y a urgence. Sans jeu de mot.

www.lavenir.net a écrit:Pour le docteur Vincent Piette, porte-parole du conseil médical d’Auvelais, c’est très clair: «Le politique voudrait détricoter, saboter les urgences et démotiver le personnel, qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

La dénonciation de la convention de payement est une vexation qui fait perdre aux médecins certaines compensations pour la pénibilité évidente du travail aux urgences.» Pour Dominique Notte, la mesure est au contraire une régulation légitime: «On s’est rendu compte que certaines prestations étaient facturées qui n’étaient pas effectuées. Par exemple pour certaines plages horaires, on déclarait deux médecins alors qu’il n’y en avait qu’un à ce moment-là de service. À un moment, il n’y avait sans doute pas trop de contrôle, mais maintenant on s’est rendu compte et on veut que soit payé juste ce qui est presté et pas de petits arrangements qui existaient peut-être…»

Au petit jeu des procès d’intention, le conseil médical reproche au politique d’essayer de donner du site d’Auvelais une mauvaise image et de fausser la donne pour arriver à ses fins. « Nos urgences tournent à plein régime, mais si on met les sorties SMUR en difficulté, on finira par faire dire aux chiffres que le SMUR ne sort plus assez pour avoir sa raison d’être» dit une source proche des instances dirigeantes. Une grille de lecture où un article des statuts écrits au moment de la fusion hospitalière en 2012 interpelle. Il y est dit que, dans les cinq ans, un vote à la majorité des deux-tiers au conseil d’administration peut décider de renoncer à assurer sur un des deux sites des services comme les urgences. La crainte est évidemment qu’on cherche à légitimer pareille issue à terme. Fantasme, assure Dominique Notte: «Jamais on ne déciderait ça. Ça n’aurait pas de sens, parce que c’est une des conditions du maintien du double agrément des hôpitaux.» À se demander pourquoi la possibilité a été aménagée si elle n’est envisageable dans aucun esprit…S.Si