L’idée novatrice d'un patron d'une société d'ambulances pour l’avenir de sa profession

ccc a écrit:Christophe Silvie, 34 ans, qui a repris Landron il y a quatre ans, veut faire bouger le monde de l’ambulance.

Demain matin, vous êtes emmené au centre hospitalier de Lille, pour un examen, par les Ambulances Landron. L’après-midi, vous pensez revenir chez vous, dans le même véhicule et avec le même chauffeur. Eh non, c’est une autre société qui vous prend en charge. Cette idée de covoiturage vient de Christophe Silvie, patron des ambulances Landron, basée à Saint-Omer et à Watten. Explications.

Est-ce sérieux ?- Très. Ce n’est pas un projet en l’air, griffonné sur un coin de table. Il est accrédité par la chambre de commerce et d’industrie dans le cadre de la troisième Révolution industrielle (lire ci-dessous). Un référencement qui lui donne du crédit et permet de faire progresser l’idée chez les acteurs concernés.

Qu’est-ce qui pousse Christophe Silvie à faire cette proposition ?- La crainte de voir d’autres le faire à la place des professionnels. « Il faut que l’on propose quelque chose. Si on ne fait rien, d’autres le feront. » Qui donc ? Il cite de grands groupes, tels que Veolia.

Le monde de l’ambulance est-il en difficulté au point de devoir mettre en place une organisation commune ?- Comme tous les corps de métiers inhérents au secteur de la santé, on fait la chasse aux économies. Un transport en ambulance, c’est remboursé, au moins en partie. Aussi, les entreprises concernées sont surveillées par la caisse primaire d’assurance maladie et l’agence régionale de santé. « Plutôt que de toujours subir et de devoir s’adapter, c’est nous qui serions force de proposition, avec une organisation qui ferait gagner de l’argent à tout le monde. Si un de mes confrères est à Lille et qu’il lui reste une place dans son véhicule, autant qu’il ramène le patient, plutôt que j’aille moi-même, à vide, jusqu’à Lille pour le chercher. Dans une entreprise comme la nôtre, le budget carburant, c’est 120 000 € par an. »

La concurrence est-elle partante ?- Constituer ce pool revient à enlever les barrières entre des sociétés jusqu’ici concurrentes. Qui est partant ? Christophe Silvie confie qu’une autre société du secteur serait réceptive. « C’est une expérimentation. On réunit les acteurs concernés, dans une démarche participative, de co-construction. On ne brusque pas, on essaie d’avancer doucement, mais sûrement », explique Anne Candelier, de la CCI, bien consciente des nombreux freins qu’il faudra lever au fil du temps.

Revoir l’organisation des hôpitaux.- Si le covoiturage est l’aspect le plus marquant, le projet a d’autres facettes. Celle, par exemple, qui consiste à créer des salons d’attente dans les centres hospitaliers. « Cela existe dans d’autres régions. L’idée est d’avoir un endroit unique où attendraient les personnes qui doivent être transportées. Ça ferait gagner beaucoup de temps. » Christophe Silvie espère voir la réalisation d’un espace d’attente au centre hospitalier d’Helfaut d’ici la fin d’année.

Des voitures électriques pour transporter les patients.- La troisième révolution industrielle a une forte coloration écologique. Le covoiturage, c’est économique, c’est aussi bénéfique pour l’environnement. Mais Christophe Silvie veut aller plus loin et imagine des véhicules électriques pour remplacer les voitures actuelles. Il en existe. Ce qui manque, ce sont des bornes pour recharger les voitures. En installer sur les parkings des hôpitaux, ce serait un bon début.
Les freins à lever

De la concurrence à la collaboration Comme dans toutes professions, chaque société d’ambulance essaie de faire mieux que le concurrent. Ce depuis des années. Et demain, il faudrait travailler ensemble. Pour certains, ça risque de prendre du temps.

Moins confortable pour les patients ? Les personnes transportées en ambulance sont souvent un peu fragilisées par le problème de santé qui les touche. Ils ont leurs habitudes avec leur « petit » ambulancier. Demain, après leur journée passée à l’hôpital, c’est un illustre inconnu qui va les ramener. Ça peut faire grincer quelques dents.

De bonnes voitures électriques à trouver, des bornes à créer À ce jour, les ambulances électriques, ça se trouve difficilement. Christophe Silvie a quelques touches. S’il est y parvient, il faudra qu’elle ait un minimum d’autonomie. On n’imagine pas une ambulance arrêter deux fois d’ici Lille pour recharger la batterie. Et il faudra aussi des bornes en assez grand nombre. Que de conditions.

Un logiciel performant L’outil informatique qui permettrait d’organiser le covoiturage des patients existe. Selon Christophe Silvie, cela a déjà été mis en place dans d’autres régions. Mais il faut ça fonctionne et que les erreurs d’aiguillage soient rares. Les patients n’apprécieront pas qu’on les fasse poireauter des heures dans un hôpital.
Drôle de révolution?

La troisième Révolution industrielle nous vient de Jérémy Rifkin, économiste américain, dont la théorie a séduit le conseil régional du Nord - Pas-de-Calais. Ceux qui s’attendaient à l’annonce de progrès technologiques colossaux, qui ont été le socle des révolutions industrielles du passé, en sont pour leurs frais. Même si on se doute bien qu’on n’a pas encore tout vu en la matière.

Rifkin propose plutôt une révolution des mentalités. Suggère à des voisins de travailler ensemble, à des acteurs économiques locaux de monter des projets communs plutôt que de s’ignorer joyeusement comme beaucoup le font depuis des années. L’objectif est double. D’abord, chacune des parties doit y gagner sur le plan financier, selon la théorie des économies d’échelle. Deuxièmement, ce doit être bénéfique pour l’environnement. L’écologie, c’est la base de cette révolution qui donne la part belle au développement durable et aux énergies renouvelables. Travailler en circuit court, avec son environnement immédiat, participe à cette logique.

roloulou a écrit:tout cela a déjà été dit, tenté et "retenté" et.....
Tant qu'on acceptera des ânes dans ce métier, il en sera ainsi....
Faute de gendarme, les souris dansent....