Jeudi 21 Mars 2002 - 20h00 - Le gong incendie retantiera pour la dernière fois pour Christophe Suain ....13 ans déjà

BRUXELLES Christophe, tu prends la cordelette...

Jeudi soir, dans la Représentation permanente d'Espagne auprès de l'Union Europénne en feu. C'est un peu l'enfer. Deux qui y étaient disent qu'on n'y voyait pas à 20 cm. C'est la première intervention de Christophe. Le jeune pompier suit son chef de section, quelqu'un que nous suivrions tous les yeux fermés. Le sergent a donné l'ordre à Christophe de le suivre et lui a remis un bout de sa cordelette - en fait une corde en nylon noir d'1,5 cm de diamètre accroché au mousqueton de la ceinture du sergent. Celui-ci est formel: Christophe s'est saisi de la corde. Les deux pompiers se sont donc trouvés encordés. La question est de savoir pourquoi Christophe a lâché.

Dans le casque du sergent est intégré un émetteur-récepteur. La radio lui permet en principe de communiquer - nous disons bien: en principe car les pompiers se plaignent beaucoup des radios. Christophe, lui, n'a rien. Impossible donc pour lui d'indiquer qu'il ne suit pas. Et c'est ce qui se passe mais le sergent s'en aperçoit en bas. Entre-temps Christophe Suain s'est perdu dans les couloirs et il faudra une heure pour localiser son corps.

Ils sont cinq, dans une équipe. Et chacun - selon son numéro - a un rôle précis. Pour simplifier: le 1 - l'homme de la bouche - s'occupe de l'eau; le 2 est un ancien, souvent un caporal; le 3 est appelé porte-lance; le 4 est le chauffeur-pompe et le 5 le chef de section, souvent un sergent.

Christophe était 3, la place du nouveau. Dans les années 70, il ne serait pas monté. Son rôle, jeudi, était de marcher dans les pas de son chef. C'est une équipe de la 23e compagnie. La 23e est basée au Poste Diamant. Plus éloignée, elle intervenait en deuxième renfort - après leurs collègues des postes Cité et Héliport.

Les cinq sont arrivés avec leur autopompe, en principe la P 16. Ayant pris les ordres de l'officier, le sergent - n°5 - et Christophe - n°3 - sont montés pour une première reconnaissance, sont redescendus et sont remontés avec une lance de 45 mm. Leurs bouteilles - des Draeger de 6 litres - leur donnaient plusieurs minutes d'autonomie. Lorsqu'elles ont commencé à se vider, un sifflement aigu a forcément signalé qu'il était temps de rebrousser chemin.

Encore aujourd'hui, 1) personne n'accable le chef de section (Avec lui j'irais les yeux fermés); 2) tous ne remettent pas la formation en cause (De 3 à 8 mois, sa durée a quasi triplé en vingt ans) 3) beaucoup accusent la vétusté du matériel et 4) la plupart continuent de penser à la fatalité: c'est tombé sur Christophe Suain qui débutait, mais le même accident aurait pu survenir à un pompier ayant quinze ans d'expérience.

A la Représentation permanente de l'Espagne, on n'y voyait pas à 20 cm

BRUXELLES Christophe, tu prends la cordelette...

Jeudi soir, dans la Représentation permanente d'Espagne auprès de l'Union Europénne en feu. C'est un peu l'enfer. Deux qui y étaient disent qu'on n'y voyait pas à 20 cm. C'est la première intervention de Christophe. Le jeune pompier suit son chef de section, quelqu'un que nous suivrions tous les yeux fermés. Le sergent a donné l'ordre à Christophe de le suivre et lui a remis un bout de sa cordelette - en fait une corde en nylon noir d'1,5 cm de diamètre accroché au mousqueton de la ceinture du sergent. Celui-ci est formel: Christophe s'est saisi de la corde. Les deux pompiers se sont donc trouvés encordés. La question est de savoir pourquoi Christophe a lâché.

Dans le casque du sergent est intégré un émetteur-récepteur. La radio lui permet en principe de communiquer - nous disons bien: en principe car les pompiers se plaignent beaucoup des radios. Christophe, lui, n'a rien. Impossible donc pour lui d'indiquer qu'il ne suit pas. Et c'est ce qui se passe mais le sergent s'en aperçoit en bas. Entre-temps Christophe Suain s'est perdu dans les couloirs et il faudra une heure pour localiser son corps.

Ils sont cinq, dans une équipe. Christophe était 3, la place du nouveau. Dans les années 70, il ne serait pas monté. Son rôle, jeudi, était de marcher dans les pas de son chef. C'est une équipe de la 23e compagnie. La 23e est basée au Poste Diamant. Plus éloignée, elle intervenait en deuxième renfort - après leurs collègues des postes Cité et Héliport.

Les cinq sont arrivés avec leur autopompe, en principe la P 16. Ayant pris les ordres de l'officier, le sergent et Christophe sont montés pour une première reconnaissance, sont redescendus et sont remontés avec une lance de 45 mm.

Encore aujourd'hui, personne n'accable le sergent, tous ne remettent pas la formation en cause, beaucoup accusaient la vétusté du matériel et tous continuent de penser à la fatalité: c'est tombé sur Christophe Suain qui débutait, mais le même accident aurait pu survenir à un pompier ayant quinze ans d'expérience.

je me souviens avoir vécus cela en direct sur polbru et Incendie