Comment réagir face à un tireur fou ? (AMOK)

www.dhnet.be a écrit:Ce n’est heureusement pas tous les jours que l’on doit gérer des drames comme celui survenu à Liège ce mardi. Notre thématique de ce jour est consacrée à ce triste fait divers.

Nous avons, entre autres, demandé aux polices de notre zone si elles étaient prêtes à faire face à une telle situation. À Mons comme à La Louvière, on nous a parlé des formations Amok.

“Le terme Amok vient d’Afrique, où l’on appelait de la sorte un individu tirant sur tout un village. L’idée de création de cette formation vient du fait divers qui s’était déroulé à la crèche de Termonde”, indique Philippe Borza, directeur de la sécurisation.

Cette formation se scinde en deux parties. Il y a l’aspect plus théorique. “Les policiers y apprennent les techniques et tactiques pour maîtriser des individus comme celui qui a sévi à Liège. Ensuite, il y a la partie mise en situation qui, bien souvent, se déroule à l’académie de police de Jurbise.”

Actuellement, ils sont une vingtaine à avoir suivi la formation à la police de Mons-Quévy. “Ce sont les moniteurs d’armes qui ont commencé. Ils sont une vingtaine. Nous avons débuté avec eux car ils sont déjà habitués à maîtriser des faits de violence.”

Selon le commissaire Borza, cette formation est quelque peu contraire aux techniques policières habituelles. “Avant, on nous enseignait d’isoler les lieux et de faire appel aux unités spéciales. Maintenant, on repense les techniques policières pour réduire le temps d’intervention.”

Bref, la première équipe qui arrive sur les lieux doit tenter d’aller directement maîtriser ou abattre le forcené.

À La Louvière également, certains membres ont déjà été formés. “ Nous avons une unité d’appui qui gère la sécurisation des quartiers” , explique Cristina Iacono, porte-parole. “C’est également elle qui intervient pour effectuer des services d’ordre. Mais, dans des cas comme celui de Liège, tout va si vite que c’est au service intervention de gérer la situation.”

www.police.ac.be a écrit:L'amok est un comportement spécifique aux populations austronésiennes, par lequel le sujet devient fou furieux et tue autant de personnes qu'il le peut jusqu'à ce que lui-même soit mis à mort. Par extension, le terme désigne un forcené et une maladie mentale dont le symptôme est la grande propension du sujet à injurier ceux qui l'entourent (informations tirées du site Wikipédia).

Ce projet prend racine dans les récents événements de Dendermonde mais également dans l'actualité internationale de ces dernières années. Le chef de corps de Dendermonde, le CDP Putteman a dans ce cadre reçu mission du Commissaire Général et de la CPPL de lancer un groupe de travail sur cette problématique. Ce groupe de travail multidisciplinaire sera, entre autres, chargé de mettre sur pied des formations permettant aux policiers sur le terrain de faire face à ce genre de crise.

Différents acteurs de terrain sont directement concernés par la problématique AMOK. Il peut s'agir des policiers de 1ère ligne, de leur management mais également des services chargés de la gestion de l'information opérationnelle, à savoir les dispatch ou call-takers neutres des CIC.

Un dispositif de formation et d'entraînement approprié sera donc développé et mis en place pour chaque public cible identifié.

Un groupe de travail intégré sera piloté par le CP Edouard Platteau pour implémenter les actions et dispositifs de formation ad hoc.

www.lavenir.net a écrit:Huy : les policiers formés à la neutralisation des tueurs fous

Le Quadrilatère abrite la formation de 300 policiers à l’intervention rapide et sécurisée en cas d’intrusion d’un tueur fou dans un lieu public.

«Information téléphonique. Des coups de feu ont été entendus dans l’école de l’Athénée située rue de la Résistance. Deux auteurs ont été aperçus. Veuillez prendre la direction de l’école avec la plus grande prudence. Ceci est un exercice…»

Depuis lundi, et avec l’accord du propriétaire du Quadrilatère par convention avec la Ville de Huy, des policiers de première intervention en provenance des 4 zones de l’arrondissement judiciaire de Huy (Huy, Meuse-Hesbaye, Condroz, Hesbaye Ouest), participent à des exercices d’intervention AMOK dans le cadre d’une formation à la gestion de la violence.

«Il s’agit de former nos hommes à intervenir dans le contexte d’une intrusion d’un individu dans un lieu public avec l’intention d’y tuer un maximum de personnes, explique le commissaire Didier Lambert, chef de corps à la police de Huy. Après les aspects théoriques enseignés à l’hôtel de police, les exercices pratiques se déroulent au Quadrilatère sous la forme de jeux de rôles.»

Heureusement, ce genre de faits n’est pas fréquent dans l’agenda des policiers de l’arrondissement judiciaire de Huy. Même si le cross de Hannut avait été endeuillé par la folie meurtrière d’un déséquilibré, il y a une trentaine d’années. « Ce qu’il y a de spécifique dans ce type d’intervention AMOK (NDLR : terme sans signification et hérité du langage malais), c’est qu’on n’a pas le temps de mettre en place un périmètre de sécurité pour laisser ensuite une unité spéciale intervenir comme dans le cas d’une prise d’otage par exemple, évoque Philippe Bourdouxhe, inspecteur principal. Ici, il faut aux policiers de première ligne qui arrivent sur les lieux, mettre un terme aux actes du tueur le plus vite possible pour limiter le nombre de victimes.»

État de nécessité
Ce qui ne veut pas dire que les policiers peuvent «faire tout et n’importe quoi» mais doivent agir dans le cadre légal habituel. «La police n’a pas le blanc-seing pour aller abattre quelqu’un mais on est ici dans la notion d’état de nécessité , précise Alexis Housiaux, le bourgmestre hutois venu assister à la formation pratique d’un groupe de 25 policiers sur les 300 qui se relayeront au Quadrilatère dans les prochains jours. En plus d’acquérir les réflexes à avoir en situation de danger, ce type de formation permet aussi de créer un esprit de groupe au sein des effectifs de police susceptibles d’ailleurs d’intervenir au départ de zones distinctes.»

Ce mardi, le scénario proposait la neutralisation de deux anciens élèves venus se venger dans l’idée de tuer le maximum de personnes dans une école. Pour l’anecdote, s’ils ont fait des blessés, les deux tueurs fous n’ont pas eu le temps de faire des victimes.

www.lavenir.net a écrit:Le compromis entre la rapidité d’action et sa propre sécurité est à trouver par le policier en recherche d’un ou plusieurs tueurs fous.

Pour l’arrondissement judiciaire de Huy, 300 policiers (de proximité, de recherche et d’intervention) suivront chacun 16 heures de formation AMOK. «Porteurs d’armes, ils sont tous susceptibles d’intervenir les premiers pour neutraliser un ou plusieurs tueurs fous prêts à éliminer le maximum de gens en un endroit déterminé, qu’il s’agisse d’un lieu ouvert comme on l’a vécu en ville à Liège ou d’un lieu fermé comme une crèche ou une école, explique Didier Lehane, inspecteur principal à la zone de police Meuse-Hesbaye et moniteur spécialisé dans la gestion de la violence. L’exercice au Quadrilatère ne s’est pas trop mal passé. La difficulté se situe au niveau du dynamisme de l’intervention. Il faut trouver le compromis entre la vitesse pour neutraliser le tueur, et la sécurité des policiers. S’il arrive souvent que le tueur se suicide, on voit régulièrement qu’il continue à faire des victimes malgré la présence de policiers depuis de nombreuses minutes.»

Agir « contre nature »
Habitué à se préoccuper d’abord des victimes, le policier devra quelque part agir «contre nature» en donnant la priorité à sa chasse au tueur fou avant que le site soit sécurisé pour laisser intervenir les services de secours. «Le plus dur, c’est la bonne communication avec le dispatching, confiait Éric Depas de la police d’intervention de Huy, mardi, après l’exercice pratique avec armes sécurisées. Il y a le stress, l’effet tunnel. Il faut réagir très vite tout en faisant attention à notre sécurité.»