07/02/2014-Deux secouristes aident un SDF à la gare du Midi: elles doivent affronter des agents de Securail

Durant les mois d’hiver, il est fréquent de rencontrer des SDF dans les différentes gares du pays. Ces personnes vivent dans des conditions difficiles et ont souvent des problèmes de santé. Julia et Sophie, deux secouristes effectuant des rondes dans la gare du Midi, ont vu l’un d’eux au sol, victime d’une crise d’épilepsie. Elles l'ont aidé, non sans devoir faire face à des agents de Securail qui voulait l'expulser de la gare.

rtl 07 Février 2014 06h12

"Je me trouvais ce soir vers 21h à la gare du Midi avec une de mes collègues. Nous sommes toutes deux secouristes bénévoles. Lorsque nous avons vu un homme au sol, c'est tout naturellement que nous lui avons porté assistance. Cet homme s'est avéré être un SDF. Nous connaissons bien ce monsieur ainsi que ses problèmes médicaux, il fait souvent des crises d’épilepsie", nous écrivait Sophie, il y a quelques jours via notre page Alertez-nous. Mais avant d’avoir pu aider le SDF, trois agents de Securail se sont mis en travers d'elle et sa collègue.



"Ils l’ont vraiment traité comme du bétail"

Les jeunes femmes expliquent aux agents de Securail qu’elles sont secouristes et qu'elles font des "maraudes" (rondes) tous les jours dans la gare du Midi pour venir en aide aux personnes en difficulté, mais les agents veulent les empêcher d’intervenir. "Au moment où j’étais prête à le relever, un des agents m’a poussée pour m’empêcher d’intervenir et il s’est mis devant moi. Ils l’ont tiré par le col, ils l’ont pris sans lui demander s’il avait mal quelque part. Ils l’ont vraiment traité comme du bétail. On est allé l’asseoir sur des bancs plus loin dans la gare", nous a raconté Julia, la collègue de Sophie.



"Ils nous ont dit qu’il faisait du cinéma tout ça pour pouvoir aller dormir au chaud"

Julia et son amie tentent de faire comprendre aux agents de Securail que le SDF a été victime d'une crise d’épilepsie, mais ils ne semblent pas croire à cette histoire. "Ils nous ont dit qu’il faisait du cinéma tout ça pour pouvoir aller dormir au chaud et que de toute façon, il faisait tache et qu’ils allaient le mettre dehors. Je ne sais pas si faire du cinéma pour pouvoir aller au chaud, c’est vraiment du cinéma. En plus, l’agent de Securail ne peut pas dire si c’est du cinéma ou non, il n’est pas médecin. Et même si c’est du cinéma pour aller dormir au chaud, c’est un droit qu’il a d’aller dormir. Personne ne peut comprendre ce que c’est que de dormir dans la rue", a fait remarquer la jeune secouriste qui a tenu à préciser que le sans-abri semblait avoir bu tout en n'étant pas ivre.



Julia et Sophie décident d'attendre avec le SDF, les agents de Securail se moquent d'elle

Les deux collègues apprennent alors qu’une ambulance a été appelée, est arrivée sur place, mais a refusé de prendre le SDF en charge. Elles décident donc de prendre les choses en main. "Comme le monsieur est connu du Samusocial, j’ai demandé à pouvoir les appeler. Les agents de Securail ont alors dit que de toute façon, même si nous attendions le Samusocial, ils allaient le mettre dehors dans quelques minutes. J’ai quand même téléphoné et ils m’ont dit qu’il y avait un délai de 40 minutes. J’ai alors prévenu les agents qui m’ont répondu que personne n’allait le garder dans la gare pendant 40 minutes." Mais c’était sans compter sur Julia, Sophie et leur dévouement à toute épreuve. Elles décident de s’occuper du SDF et d’attendre avec lui tout le temps qu’il faudra. "Les agents se sont moqués de nous en nous disant qu’on allait attendre avec ‘ça’. Ils en parlaient comme si c’était un animal."



"Il ne pose problème à personne. Il n’est pas violent"

Les deux secouristes tiennent bon malgré les moqueries et restent avec le sans-abri jusqu’à l’arrivée du Samusocial. "Il s’est remis de sa crise d’épilepsie, mais il disait qu’il avait mal et il était évident qu’il était très fatigué. Il avait donc absolument besoin d’aller dormir dans un lit", a commenté Julia qui ne comprend pas pourquoi les agents de sécurité peuvent mettre un SDF dehors. "Il ne mendie pas, oui, peut-être qu’il a un peu bu, mais il ne pose problème à personne. Il n’est pas violent", a-t-elle conclu précisant qu'elles avaient attendu jusqu'à ce que le Samusocial arrive et le prenne en charge. A force de persévérance, elles ont donc réussi à mener leur mission de secouriste à bien.



Les SDF sont autorisés à rester dans la gare mais ne peuvent ni mendier ni consommer de l'alcool

Nous avons donc pris contact avec Louis Maraite, porte-parole de la SNCB, pour en savoir plus sur la politique de la maison concernant la présence de SDF dans les gares de Belgique. Il nous a expliqué que lorsque le plan hivernal était déclenché (lorsque les températures sont inférieures à 0°), ils peuvent rester dans la gare, même la nuit. Ce n’était cependant pas le cas ces dernières semaines au vu des températures plutôt clémentes. "On les autorise néanmoins à rester dans la gare pendant les heures d’ouverture, mais ils ne peuvent pas mendier, consommer de l’alcool ou importuner les gens", a-t-il précisé.



Un plan hiver belge pris en exemple dans une étude de l'Union européenne

Il a également expliqué que depuis plusieurs années, un médiateur social accompagne les agents qui doivent évacuer les SDF lors de la fermeture de la gare. Ce médiateur connaît les numéros de téléphone des centres d’hébergement et cherche une solution. "Mais vous devez savoir que dans neuf cas sur dix, le SDF refuse d’y aller car on ne peut pas y consommer d’alcool ni de stupéfiants. On ne peut pas y aller accompagné non plus. Donc les SDF qui sont en couple refusent d’être séparés, de même que les SDF qui ont un animal de compagnie. Pour ces derniers, durant la période hivernale, la fondation prince Laurent met à leur disposition des Unit box où ils peuvent dormir avec leur animal", a ajouté M. Maraite précisant que la Belgique a été prise en exemple dans une étude de l’Union européenne grâce à son plan hiver et à la présence du médiateur social qui aide les agents de sécurité. L’Espagne a même repris l’idée pour ses gares.

Encore une dérive des "milices privées" ...

c'est honteux ça vas vraiment a la dérive

Il faut quand même noter d'autres situations ou des agents SNCB / Securail apportent une aide précieuse.

Ceci dit ces "milices privées" ont aussi des règles ainsi que des instances pour recevoir et examiner les plaintes

Effectivement Cheap, je parle bien d'une dérive et non du service en lui même. Il y a des imbéciles partout malheureusement

Les deux collègues apprennent alors qu’une ambulance a été appelée, est arrivée sur place, mais a refusé de prendre le SDF en charge.

On peut refuser maintenant ? Ça c'est une bonne nouvelle.

Je vous conseille de passer quelques heures dans une des gares de Bruxelles et de simplement regarder ce qu'il s'y passe, vous comprendrez peut-être le comportement de ces" milices privées", je dis bien les comprendre pas les excuser. J'ai vu à l'oeuvre en gare d'Hannovre le service de sécurité de la DB, les agents de Sécurail sont des anges à côté... J'ai aussi vu ces secouristes bénévoles en intervention en gare du Midi et je leur tire mon chapeau. Ceci est bien sur mon avis et n'engage que moi.

Comparé aux CFL ou aux DB, c'est vrai que Sécurail sont des anges...