policiers et homosexuels

La Capitale a écrit:Ils sont homosexuels et bossent à la police. Ils ont essuyé quelques railleries, ont souvent dû mettre les points sur les “ i ”. Mais ils ont décidé d’assumer leur préférence sexuelle. Aujourd’hui, Harald et Jenny acceptent de témoigner.

Début de semaine, la police fédérale distribuait à ses effectifs, dans le cadre d’une journée d’étude axée sur la diversité, un DVD à vocation didactique.

On y évoque le respect qui est dû aux handicapés, aux inspecteurs d’origine étrangère et aux homosexuels.

Harald Van Beek, du Service Égalité et Diversité de la Police Fédérale, y fait une apparition des plus remarquées. “ Je joue le rôle d’un commissaire qui embrasse son conjoint. C’est d’ailleurs mon ami dans la vie privée que j’embrasse ”, lance-t-il tout naturellement.

Des images qui ont pourtant choqué quelques policiers, plus réticents à aborder ce sujet tabou. “ Les réactions négatives sont restées très limitées et elles émanaient surtout des plus anciens. Il est vrai que la plupart des policiers homosexuels, surtout ceux qui sont sur le terrain, préfèrent ne pas en parler. Sur ce point, il reste un long chemin à parcourir ”.

Harald, lui, n’a jamais fait de mystères. Lorsqu’il est arrivé à la police fédérale, en 2004, son conjoint y occupait déjà un poste de graphiste. Au fil du temps, il a appris à jauger les personnes qui l’entourent et leur capacité à accepter, ou non, sa préférence.

“ Il est vrai que j’évite de parler de mes vacances en couple, comme peuvent le faire d’autres collègues. Je tâte l’horizon pour voir si je peux en discuter avec les personnes que je rencontre ou pas. Quoi qu’il en soit, je ne me présente pas en lançant: bonjour, je suis Harald Van Beek et je suis homosexuel! Je pense que les réactions de mes collègues à la police dépendent aussi du type de comportement que j’adopte”.

Au sein du Service Égalité et Diversité, Harald aide les candidats au recrutement issus de milieux socioculturels défavorisés ou d’origines étrangères à se préparer aux épreuves de sélection. Pour que chacun d’entre eux puisse tenter sa chance, sans discrimination.

Jenny, femme flic
C’est en 1981 que Jenny, 50 ans aujourd’hui, faisait son entrée au sein du corps de police bruxellois. Après avoir bossé à la brigade de nuit puis au service trafic, elle met aujourd’hui son énergie au service communication de la zone Nord. Pourtant, il y a 20 ans, être femme flic n’était déjà pas courant. Affirmer sa préférence sexuelle l’était encore moins! “ Il m’a fallu deux à trois ans pour le dire aux collègues. Certains l’ont accepté, d’autres pas. Je me souviens qu’un jour, alors que j’étais encore auxiliaire, je lisais un article de presse sur les mariages homosexuels qui allaient être autorisés. L’un de mes supérieurs s’est exclamé “ on verra bientôt de tout en Belgique ”. J’ai rétorqué: je te signale que c’est mon cas! Il a juste dit “ oups ”. Après, on en a rigolé ”.

Consciente qu’elle évoluait dans un univers masculin et qu’elle n’échapperait pas aux blagues machistes, Jenny avait opté pour la contre-attaqué, à grands coups d’humour et d’autodérision. “ À un autre, qui me faisait du gringue, j’ai répondu que la seule chose qui pourrait me plaire chez lui, c’était sa femme! Ce à quoi il a répondu: tu es de la viande perdue”.

Aujourd’hui, les choses ont changé, souligne la policière. Les agents qui font leur “ coming out ” sont toujours rares mais si tel est le cas, la tolérance semble, cette fois, bien installée.

“ Avec les jeunes surtout, c’est plus facile. Je ne rencontre jamais de problème avec les nouvelles recrues. Et pour les femmes aussi, c’est plus facile à accepter. Même si, par politesse, je demande à mes collègues féminines si elles préfèrent que je m’éclipse quand elles prennent leur douche. Ce qui est certain, c’est que l’homosexualité est une réalité au sein de la police. J’en connais quelques-uns au sein de ma propre zone. Et même un bisexuel ”.